Aurvandil est un projet solo rouennais fondé en 2006 par... Aurvandil, en complément de ses autres projets solos Morgoth (funeral doom) et Manipulator (death), tous deux auteurs de démos. Malgré les activités du sieur Aurvandil avec son label Cold Void Emanations, le projet parvient à être bien actif, avec une palanquée de splits et de démos au compteur. Ferd est le premier EP, mais un EP qui ne doit son nom qu'à son faible nombre de titres puisqu'il dure la bagatelle de 42 minutes. Précisons que je vous cause ici de l'édition CD de l'EP sorti l'année dernière chez Cold Void Emanations en format K7 (dédicace aux vieux). Au final, "EP" est donc un terme un peu galvaudé.

Le riff d'intro qui s'éternise sur six minutes, passant de l'acoustique à l'électrique, était probablement dispensable mais il annonce la couleur. Les accords seront longuement répétés comme une litanie, évoluant lentement pour porter l'auditeur dans des ambiances fantomatiques. La production roots permet de se plonger assez rapidement dans une dimension parallèle et pas accueillante. Souvent sévèrement blasté, Ferd n'en oublie pas la vigueur et déploie une énergie brute sur laquelle vient se poser un râle vomi d'outre-tombe. Par les apparitions spectrales de délicates nappes de synthé, l'ensemble me semble tenir du Blut Aus Nord des première heures, violent et glacial mais qui attire comme la lumière ramène immanquablement ces enculés de moustique tiens prends ça tu vas voir si tu me piques bâtard. Heu pardon, mais les moustiques ça me met hors de moi. Quand il y en a un qui tourne dans la piaule en pleine nuit, tant que je ne lui ai pas savaté sa trompe, je ne peux pas m'abandonner au sommeil. C'est comme ça.

Et la petite piqûre qui m'interdit de m'abandonner avec Ferd, elle vient de plusieurs endroits. La BAR est moche. Une production roots pour avoir un machin qui tamponne comme un lapin avec des Duracell neuves, c'est du gâchis. La guitare manque globalement de précision. Sur l'acoustique, c'est pas très folichon. Sur l'électrique, ça rend souvent un résultat brouillon. Cela additionné au lapin, on remercie parfois le synthé, certes kitsch mais prenant, de nous offrir une ligne mélodique à qui se raccrocher. Le rendu sonore final n'est pas optimal. Les prods roots, ça me plaît sauf quand elles grésillent par endroits. Bref, des petites défauts qui additionnés me gâchent un peu mon plaisir et ligotent mon enthousiasme.

Aurvandil offre de très jolis développements, des plages élégamment évolutives qui réussissent le pari fou de ne pas lasser tout en s'étalant sur de longues minutes. Le projet parvient à suffisamment varier son propos, même si je préfère largement un Raate de derrière les fagôts. Ferd me semble surtout souffrir de son écrin plus que de son contenu. Par écrin, vous aurez traduit "choix de production" et non emballage, puisque le digisleeve gris est franchement sympa. Un projet à suivre en tout cas, qui peut déjà intéresser les adeptes de l'UG. Autre bonne nouvelle, j'ai éclaté le moustique.


Rédigé par : Prince de Lu | 12,5/20 | Nb de lectures : 12118