S’il y a bien un album que j’attendais depuis un bon moment, c’était bien celui d’AUGURY. En fait, ce groupe avait suscité mon attention dès que j’avais entendu parler de sa formation, car les membres d’AUGURY sont issus de la fine fleur de l’underground québécois. Ainsi, on retrouve dans cet all-star band les noms de Mathieu Marcotte (ex-SPASME), Dominic Lapointe (ATHERETIC, QUO VADIS), Etienne Gallo (NEURAXIS, ex-DISEMBARKATION), Arian Fleury (dont on avait déjà pu découvrir la magnifique voix sur l’album de THORN WITHIN) et surtout Monsieur Patrick Loisel (ex-KRALIZEC). Tout ce beau monde réuni ne pouvait qu’engendrer une petite merveille et c’est désormais chose faite avec ce premier album qui n’a que bien peu d’égal dans l’histoire du métal.
Aucune étiquette simplifiée ne semblerait coller à AUGURY tant sa musique et les multiples atours qu’elle revêt sont variés et insaisissables. Dès qu’on croit pouvoir cerner le groupe, il s’échappe à nouveaux par des acrobaties improbables. C’est pourquoi, afin de rédiger une chronique cohérente, j’ai demandé à Ocean de se joindre à moi pour mieux dépeindre cette fresque musicale. AUGURY pourrait être la symbiose entre le techno-brutal-death mélodique, le black symphonique, le progressif, le tout additionné d’un grand sens du lyrisme. Dans ce « Concealed » on passe avec la même facilité d’une accélération hyper brutale, à des plages d’accalmies relaxantes ou à des tournures mélodiques. Le chant se fait growl, parfois black, d’autres fois clair et se retrouve souligné sur quelques titres par un chant classique féminin ou des chœurs du meilleur effet. Les innovations d’AUGURY ne se limitent pas là car ce premier cd fourmille d’influences les plus diverses allant même jusqu’aux volutes de mélodies orientales, comme sur le délicieux « Alien Shores », ou aux dissonances étranges de « In russian dolls universes ». A noter, également, la participation de quelques invités de choix avec Exod (l’un des aliens d’UNEXPECT) pour les arrangements et les effets un peu zarb et Martin Lacroix (ex-SPASME, ex-CRYPTOPSY) en guest vocal sur « Nocebo ».
Un mix homogène, signé par le duo St-Amant/Dagenais qui valorise à part égale chacun des instruments, finit de compléter un tableau sans tache. Inutile de chercher, de fouiner pour dénicher une faiblesse, un titre moins inspiré car il n’y en a pas, chaque minute de « Concealed » justifie son acquisition pour peu qu’on soit enclin à une vision du métal totalement hors du commun. Même s’il me rebute de limiter AUGURY en l’associant à d’autres noms comme je m’apprête à la faire, il vous faut savoir que les fans du dernier EMPEROR, ou ceux d’OPETH ou encore ceux qui aiment la créativité dans sa version la plus brutale trouveront probablement leur compte dans ce bijou de technicité hors normes. Si vous n’avez qu’un seul disque à acheter ce mois-ci…

Ocean? : Effectivement, quand le doyen de la rédaction (et de loin, je suis sûr qu’il était déjà vieux quand Black Sabbath a débuté gnark gnark gnark) m’a contacté pour me demander si je voulais rédiger la kro avec lui, ma première réaction a été la suivante : Augury : késseussé ? Ben maintenant et après bon nombre d’écoutes, j’en sais un peu plus et force est d’admettre que cet album constitue une vraie bombe à retardement de metal technique (au diable les appellations, ce genre de groupe est susceptible de toucher un public extrêmement vaste et varié). Bombe à retardement car si lors de la première écoute on se dit qu’il y a quelque chose qui se passe avec ce disque, le nombre des écoutes confirme sans l’ombre d’un doute qu’Augury nous a pondu un album énorme. Tout ça pour dire que la richesse de la musique est telle qu’une écoute superficielle ne peut en venir à bout. Ca part dans tous les sens, des mélopées classiques au death le plus brutal en passant par moultes variations. Dès le premier morceau « Beatus » on croise l’hydre de Sceptic Flesh, de Malevolent Creation, de Cryptopsy et bien d’autres mais à chaque fois la patte d’Augury transpire par tous les pores. Ce qui m’a franchement séduit sur cet album est cette insertion de voix féminine sur des parties ultra brutales. D’autant que la miss en question (fort jolie au demeurant) possède une voix superbe et en aucune manière ça ne fait tache. Je ne vais pas décrire plus avant la musique proposée par les québécois, il s’agit d’un premier album d’une maturité et d’une inventivité déconcertantes. La facilité qu’a ce groupe de pondre des titres imparables est surprenante. Pour ne rien gâcher, la production est vraiment à la hauteur, tout est parfaitement audible tout en restant d’une rare puissance. Quand en plus vous saurez que le niveau technique des zicos est extrêmement élevé, vous ne pourrez plus qu’être séduits par ce groupe de nos frêres d’outre-atlantique. Extrêmement recommandable pour tout fan de metal technique, voire de metal tout court. L’une de mes découvertes majeures de l’année ! Un bon 17/20 pour ma pomme. En tous cas pour une fois la québéco-dépendance de Tonton nous amène un joli bébé ! (gnark gnark gnark derechef)


Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 12087