Dire que l’on attendait impatiemment ce nouvel album d’AT VANCE serait mensonger. Car malgré un début de carrière prometteur, émaillé de quelques disques remarqués ("Heart Of Steel" et "Only Human" notamment), le groupe allemand est depuis quelques années sur une pente descendante, qui l’a vu changer plusieurs fois de chanteur et proposer des sorties plutôt moyennes. Alors, "Ride The Sky" marquerait-il, comme sa pochette semble l’indiquer, la renaissance d’AT VANCE ? Il s’avère que malgré de bons moments, le combo ne parvient toujours pas à livrer un album digne de ce nom.

D’une qualité instrumentale incontestable, ce huitième essai ne déroge pas à la tradition et démontre une nouvelle fois le talent d’Olaf Lenk, leader de la formation depuis l’origine. Ses parties de guitare, alliant avec brio technicité et mélodie, sont comme à l’habitude d’une grande richesse, quand bien même notre homme n’a pu s’empêcher de nous pondre un instrumental reprenant un thème des Quatre Saisons de Vivaldi. C’est malheureusement quand il donne dans le heavy néo classique qu’AT VANCE est le plus prévisible, comme en atteste le très malmsteenien « End Of Days », vu et revu. Afin d’éviter cet écueil, le groupe s’est timidement engagé dans une voie plus hard rock, que l’on trouvait déjà sur le prédécesseur de ce "Ride The Sky".

Cette ouverture à de nouveaux horizons musicaux n’aurait peut-être pas été possible sans la contribution du vocaliste Rick Altzi (actuel THUNDERSTONE), dont la voix chaude et classieuse n’est pas sans rappeler celle de Jorn Lande. Si reprendre le micro après les talentueux Oliver Hartmann et Mats Leven n’est pas chose aisée, le chanteur s’en sort plutôt bien dans l’ensemble. Son timbre convient en tout cas à la musique composée par Olaf Lenk et permet aux Allemands de varier quelque peu leur propos. Inutile de dire qu’un zeste de diversité s’avère salvateur pour un groupe ayant la réputation de très peu évoluer. AT VANCE surprend ainsi l’auditeur en s’aventurant dans des contrées folkloriques sur « Salvation Day ». Et le résultat, probant, nous fait regretter que le combo ne se remette pas davantage en question et ne propose pas plus de morceaux comme celui-ci.

Car pour le reste, "Ride The Sky" souffre d’un manque de régularité évident. Cette galette alterne en effet le très bon (le speed « Last In Line», « Power », « Farewell » avec ses touches progressives intéressantes) et le moyen, voire le médiocre avec l’insipide ballade de rigueur sur laquelle AT VANCE touche le fond (« You And I », d’une mièvrerie confondante). On y trouve aussi plusieurs titres bien balourds comme ce « Torn – Burning Like Fire » qui ne décolle jamais. Et si la quatrième plage, « Wishing Well » s’impose comme l’un des meilleurs moments du disque, il est regrettable de constater qu’il s’agit d’une reprise de FREE.

Le constat est donc mitigé. Faut-il se réjouir de la présence de quelques rares morceaux dignes d’intérêt sur ce disque, ou déplorer la qualité médiocre de l’ensemble ? S’il revient à chacun de se faire son opinion à ce sujet, sachez que je penche pour la deuxième hypothèse. Car on est en droit d’attendre beaucoup mieux de ce groupe. Avec ce huitième album qui ne fait au final que reprendre, en moins bien, ce que le combo allemand a déjà proposé, le sentiment de tourner en rond prédomine. Le mode pilotage automatique doit donc être désactivé le plus rapidement possible. Dans le cas contraire, et sans remise en question de sa part, AT VANCE semble se diriger doucement mais sûrement vers la sortie…


Rédigé par : up the irons | 10.5/20 | Nb de lectures : 10737