Il aura suffi qu'ISIS découvre TOOL pour que leurs followers tartinent outrancièrement leurs post-hardcoreries de plans progs, et privilégient aux écorchures les textures. Et plus les groupes défilent, plus les coups de colliers se font rares. AT THE SOUNDAWN arrive lui en queue de peloton en se complaisant encore plus dans le tiède que ses prédécesseurs. Débarqué chez Lifeforce, ce second album des Italiens, après un "Red Square: We Come In Waves" paru voilà de ça deux ans, fleure tellement les bons sentiments, l'envie de bien faire et les "on joue des trucs sérieux mais on est de sacrés fripolins sur les photos promos" qu'il se voit affublé du sceau de l'anecdotique.

Un THRICE voyeuriste en train de s'astiquer sur Aaron Turner en pleine gâterie sur les membres de TOOL, voilà en gros comment résumer ce "Shifting". Puisqu'à cette dominante post-hardcore tirant vers le prog', AT THE SOUNDAWN y rajoute des vocalises majoritairement claires et des riffs plus emos que n'auraient renié THRICE. C'est gentillet, y'a pas de doutes, c'est bien exécuté, encore heureux, mais n'empêche qu'il y a de quoi piquer du nez au long de ces 45 minutes. La faute à qui, à quoi? A l'absence de morceaux de bravoure, de passages tout simplement marquants.

Du prog-hardcore d'ascenseur donc, dont même les aspects tempétueux sonnent naïfs, avec des gueulantes inoffensives et des riffs gros comme des montagnes belges. On notera quand même, au registre des bons points, des incursions dans le sillon d'un CALLISTO (ou EPHEL DUATH pour rester local), pour cet aspect raffiné, très élégant, également enrichi par des parties de saxophone, ce qui sauve AT THE SOUNDAWN de l'imbuvable. Après, il ne faut pas oublier que "Shifting" n'est que de l'assemblage 1000 fois entendu de plans 10000 fois entendus, soit une perte de temps pour toi, auditeur, et pour eux, qui pourraient quand même exploiter leur énergie autrement. Pour du bricolage d'influences post-machin chez Lifeforce, on recommandera donc THE PSYKE PROJECT, bien moins petit doigt en l'air en tenant son café.


Rédigé par : Crown_Me | 9/20 | Nb de lectures : 11003