ATRORUM - Structurae (Apathia) - 17/12/2015 @ 07h16
Si Apathia est souvent vu comme le label des allumés de PRYAPISME, il signe quand même des formations plus terre-à-terre même si le potentiel avant-gardiste voire nawak de l’écurie n’est plus à démontrer. Vu que je suis abonné à leurs sorties d’automne, je passe de disques assez (PERIHELION) voire très (ERDH) raffinés à du plus brutal (c’est le moins qu’on puisse dire, WEEPING BIRTH). Rien de bien chtarbé cependant, alors que plus tôt cette année j’avais aussi eu droit au Black expérimental et complexe de VOID PARADIGM. Voilà de quoi faire bouger le curseur de la folie metallique avec ATRORUM, un groupe allemand que le label est allé dénicher alors qu’il était perdu de vue depuis 2006 et Exhibition, son second album. Second album autoproduit après Himmelstürmer datant quant à lui de 2004, lui aussi sorti dans un relatif anonymat, en tout cas je pense que ceux qui connaissaient l’existence de cette formation doivent se compter sur les doigts d’une main parmi nos lecteurs. Structurae va alors remettre ou plutôt mettre en lumière cet étrange duo allemand, qui en a également profité pour rééditer ses deux premiers albums il y a peu (...chaque réédition étant tout de même limitée à 100 exemplaires).

Apathia cite LE GRAND GUIGNOL (groupe luxembourgeois qui avait su faire parler de lui en 2007 avec The Great Maddening) et DEVIL DOLL (récemment repopularisé grâce à VULTURE INDUSTRIES qui les a repris) ainsi que MIRRORTHRONE comme groupes connexes. Ne connaissant que de loin les deux premiers, je leur fais entièrement confiance, en tout cas cela donne déjà une indication quant au potentiel avant-gardiste d’ATRORUM. Et si Apathia a récemment sorti des disques plus raffinés par rapport à tout ce qui est foufou, ATRORUM va se situer pile entre les deux. L’avant-garde est présent à chaque instant, ne serait-ce que pour le style décadent inspiré des grands noms norvégiens ou les éléments de base (claviers, électronique, ambiances hallucinées), pour le reste Structurae est plutôt structuré (haha) comme un album de Black progressif, avec de longs morceaux aux diverses humeurs. J’y trouve même des réminiscences de Black atmo allemand à la AGRYPNIE et NOCTE OBDUCTA, d’ailleurs le chant Black est typique de cette scène. ATRORUM conjugue donc un Black progressif allemano-norvégien racé et efficace à un aspect plutôt classico-baroque, de nombreux breaks aux nombreuses instrumentations sont présentes, et le chant clair prend le relai pendant ces moments de calme témoignant de toute l’inventivité du duo allemand.

Le court (tout est relatif) "Menschsein" donne le ton, sans intro parasite d’ailleurs, et le potentiel de ATRORUM se pose bien vite sur le fleuve "Große Weiße Welt", 13 minutes tout de même, d’un tourbillon de riffs, de claviers, d’électro et de breaks baroques #oklm. Une pièce assez passionnante, qu’on pourra trouver interminable, mais tout ce que sait faire ATRORUM est là-dedans et si on arrive à adhérer à la démarche, c’est le bonheur auditif. A partir de là, le combo allemand ne prend à vrai dire plus beaucoup de risques, et continue à dérouler son alternance de compos BM-prog incisives et de moments musicaux raffinés. Il y a tout de même à boire et à manger, les oripeaux musicaux sont variés ("Amapolas" en est un beau catalogue), même si les bases ne sont pas si originales que ça. Un peu linéaire en dépit de quelques changements de dosage metallique, Structurae est malgré tout bardé de moments forts ou épiques (certaines sessions de "Amapolis", le final de "Camouflage", "Verfungung" avec son chant à la CARACH ANGREN, les montées de "Équipartition"), "Ψαλμός" est tout de même à part et le groupe abandonne un peu le Black pour se lâcher dans le registre progressivo-avant-gardiste avec un touché instrumental assez croustillant et de nombreux chœurs. Une chose est sûre, il y a du talent là-dedans…

ATRORUM en fait parfois un peu trop, franchissant parfois la limite du pompeux et du grandiloquent (notamment le très « cabaret » "Camouflage") ou usant de breaks sacrément incongrus ("Verfungung", les passages folk de "Équipartition"), tombant un peu comme un cheveu sur la soupe ou faisant « collage ». En multipliant certaines choses, les allemands tapent donc parfois un peu à côté, en témoigne aussi certains chants clairs crispants, dans des langues diverses. ATRORUM pêche donc parfois un peu par ambition, bien que sa mixture n’a rien de surprenant du moment qu’on écume tout ce qui est avant-gardiste sur une base Black depuis la fin des années 90, mais au moins nous avons un groupe qui essaye et réussit assez souvent, plus dans son aspect Metal peut-être. Aussi accrocheur qu’il peut être prise de tête, Structurae vaut l’investissement du moment qu’on sait apprécier le « style » à sa juste valeur. ATRORUM ne révolutionne rien, mais se révèle être un bon exécutant de Metal progressif, avant-gardiste, baroque et extrême. Apathia a donc encore trouvé un combo bien tordu, il y a « pire » et il y a mieux, mais Structurae est globalement un bon album et la remise en lumière de ATRORUM est une bonne chose pour tous les amateurs de bizarreries.




Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 8413




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