Alors qu’on attend depuis quatre ans un successeur à l’incroyable « Atlantis », que personne n’osait plus espérer de la part d’ATROCITY, voilà que les Allemands publient un deuxième « Werk 80 », album de reprises de tubes des années 80 comme vous l’aurez très certainement deviné. Cette fois cependant, le tracklisting est jubilatoire pour les têtes blondes issues de cette génération, jugez plutôt : DEPECHE MODE, TALK TALK, A-HA (cé pour lé filles), EURYTHMICS, BRONSKY BEAT et tous les autres. Il ne manque presque aucune des formations qui squattaient les Top des Tops et autres Mégahits de l’époque !

Là, vous me dites « Ben ouais, mais ce n’est pas parce qu’on reprend un tube qu’on ne fait pas de la daube ». Ce à quoi je réponds « Bien vu petit scarabée ! ». Effectivement, il suffit de très peu de temps pour que le sourire béat né de l’excitation de ce voyage dans le passé ne fasse place à une moue boudeuse (vous savez, lèvre inférieure en avant, menton qui tremblote…). ATROCITY avait les moyens de faire un album gigantesque, brutal et orchestral comme « Atlantis » ou glacial comme « Willenskraft » mais les Krulls et leurs amis n’ont pondu qu’un disque banal de tubes 80’s métallisés comme n’importe quel groupe ou presque pourrait le faire. A la limite, un bon bidouilleur aurait même pu faire ça chez lui sur son PC, mettre de la grosse guitare sur les couplets originaux, pitcher les voix des chanteurs et mixer le tout, quelques orchestrations par-dessus et l’affaire était torchée.

Je vous l’accorde, je suis légèrement excessif et « Werk 80 II » n’est pas si mauvais que ça, il s’écoute même avec plaisir et je vais sûrement l’acheter afin de ne plus entendre cette horripilante voix neurasthénique annoncer sur chaque morceau « Enjoy Listening To The New Atrocity Album, etc ». MAIS il est très décevant de la part d’un tel groupe qu’il ait autant cédé à la facilité en conservant la majeure partie des éléments originaux de chaque titre. Sans pour autant suivre la démarche extrême de CARNIVAL IN COAL avec « French Cancan » (dont la reprise de « Maniac » reste, soit dit en passant, l’une des meilleurs reprises que j’aie jamais entendu), ATROCITY aurait pu essayer de personnaliser un peu plus ces tubes que tous ceux de cette génération ont encore en mémoire. C’est pourtant ce qui sauve l’album, parce que même si on reste insensible aux nouvelles interprétations, il reste encore assez des originaux pour apaiser les nostalgites de chacun.

L’une des raisons pour lesquelles on peut avoir du mal avec « Werk 80 II » tient certainement également au chant clair d’Alex Krull, plutôt monotone, parfait dans ATROCITY mais en décalage ici avec les timbres inoubliables des chanteurs de DEPECHE MODE, A-HA ou EURYTHMICS (Annie Lennox, merde, quand même !), d’autant qu’il n’est guère aidé par sa douce (Liv Kristine) dont les interventions sont épisodiques. Le groupe semble s’être fait plaisir à rejouer ces vieux tubes, tant mieux pour eux, espérons maintenant que tout le monde va se mettre rapidement à la composition d’un nouvel album…

Avant de finir, et j’aurais peut-être dû commencer par cela, « Werk 80 II » est peut-être finalement plus destiné à ceux qui ne connaissaient pas les versions originales et qui se retrouveront donc avec un album de métal mélodique rempli de refrains entêtants. Pour les autres, ceux qui ont aimé ou qui déjà, comme Papy Cyril, détestaient ces chansons à l’époque, ou bien vous faites l’impasse, ou bien vous prenez ce qui est bon à prendre et ne faites pas attention au reste.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 12752