Voici donc le 3ème album d’un des groupes metalcore les plus en vogue outre-atlantique. En effet, le précédent effort du groupe a glissé un certain nombre de hits dans les charts, et a presque atteint le stade du disque d’or. Il faut dire que l’orientation du combo commence à devenir de plus en plus claire. Si le premier album, "Suicide Notes And Butterfly Kisses", (le meilleur selon moi) lorgnait carrément du côté du melodeath suédois, le deuxième, "The Curse", tout en reprenant quelque peu la recette, commençait sérieusement à ralentir la cadence. Des voix claires plus présentes, des compos plus simples, quelques sonorités plus rock…un excellent album toutefois, mais moins brut de décoffrage par rapport au premier disque.

Pour ce nouvel effort, ne vous attendez pas à un retour aux sources, ou même à une quelconque révolution, ATREYU accentue sa démarche, et se rapproche d’un son plus rock tel qu’on le sentait venir sur "The Curse". Les allergiques à la voix claire de Brandon Saller, le batteur, risquent de souffrir un peu plus encore. Il est omniprésent sur "A death-grip on yesterday", à tel point qu’on jurerait qu’il est devenu le principal vocaliste du groupe. A moins que ce ne soient les refrains, principaux passages où il intervient, qui sont plus longs qu’à l’accoutumée ! Bon, ok, j’exagère peut-être un peu, mais il prend une place bien plus grande que par le passé. Et puis même Alex Varkatzas, le chanteur, habituel énervé du groupe, y va de ses interventions en chant clair de temps en temps. Par ailleurs, même quand il hurle, son chant se veut plus perceptible…je trouve ça presque dommage, j’appréciais assez son côté déchiré sur les précédents albums.

Bon, il s’agit toujours ici de métal, au sens où les guitares dictent encore leur loi. Mais les racines hardcore d’ATREYU tendent à s’estomper pour un résultat moins brutal, plus mélodique. Le groupe y perd de sa fougue et de sa fureur, et un peu de son identité…

Mais, même si ce constat me déçoit un peu, je ne peux m’empêcher d’affirmer que d’excellents titres ressortent de "A death-grip…", des hymnes qui feront certainement mouche en concert, comme "We stand up" ou "your knife in my back". Et puis, heureusement, on retrouve toujours ces soli d’une efficacité mélodique imparable, directement inspirés de ce qui se faisait dans les 80’s (le solo final de "your knife in my back" en est un des plus beaux exemples !). Je trouve néanmoins qu’il manque quelques uns des riffs typés hard 80’s qu’on pouvait trouver sur des titres comme "right side of the bed" (sur "The curse") ou "Lip Gloss and Black" (sur "Suicide Notes And Butterfly Kisses").

Par contre, je suis beaucoup moins fan du trop mièvre mid-tempo "The Theft". A coup sûr un joli coup pour grimper dans les charts, mais un titre qui ne ressemble en rien à ATREYU…du moins, à celui qui m’a séduit sur les précédentes réalisations.
Autres exemples de la tendance plus rock du groupe, ces titres comme "Shameful" et "Ex's And Oh's" qui, sans ce chant hurlé caractéristique, aurait très bien pu être l’œuvre d’un groupe comme PAPA ROACH. Qu’on ne se méprenne pas, ces titres sont de très bonnes facture, plutôt bien ficelés et vraiment entraînants, mais n’ont plus rien d’hardcore.

Bref, vous l’aurez compris, je suis très partagé sur cet album ! "A death-grip on yesterday" propose un certain nombre de très bons titres, et rien que pour ça, cet album mérite une note bien au-dessus de la moyenne. Mais j’ai le sentiment qu’ATREYU s’est assagi, et que la tendance affirmée sur ce disque, que je pressentais déjà sur le précédent, ne laisse guère de doute quant à l’orientation future du groupe, ce qui me déçoit énormément.


Rédigé par : Sentenced | 13/20 | Nb de lectures : 13971