ASYNDESS - L'Accomplissement (Sacral/Adipocere) - 02/10/2002 @ 10h56
Ecoutez cet album, vous allez vous faire du mal. " L'Accomplissement ", le nouveau sésame miraculeux pour faire s'abattre la neige en plein cœur de l'été. Ou comment en quelques minutes et un trousseau de clés musicales froides, moites et glissantes comme la paroi d'un puits sans lumière, l'on ouvre les portes qui rapatrient au grand galop une bonne grappe de nœuds dans la gorge et des cernes de déprime indélébiles. Asyndess est le second groupe de Loïc Cellier, désormais reconnu pour son travail essentiel avec Belenos, mais il faut savoir que la création d'Asyndess (1994) est antérieure à celle de Belenos (1996), afin de peser avec justesse le poids de cet album dans la carrière de musicien du sieur Cellier. Tout d'abord il est important d'opérer une distinction stylistique très nette entre les deux groupes, qui ne sont absolument pas jumeaux, à la rigueur pas même voisins, si ce n'est que les tons rauques et nébuleux de la guitare jettent un mince pont de corde de l'un à l'autre. Le Asyndess d'aujourd'hui ne peut même pas être considéré comme du black metal, mais plutôt comme un hybride parfois déconcertant de doom, de gothic metal (attention à ce terme toutefois) et de dark atmosphérique voire ritualiste, dont le leitmotiv est de propager, vous l'aurez compris, tristesse et mal-être à travers une démarche lyrique et riche en images musicales blafardes.
Pour ce faire Asyndess place la mélodie au cœur de son ouvrage, nappes de synthé adroitement écrites et solos chaloupés, volontiers en lents decrescendos coulants, prenant volontiers le pas sur une agression pourtant sous-jacente la plupart du temps - eu égard au côté fauve des guitares mentionnées plus haut. Dans sa globalité l'album n'échappe pas à une légère impression de mécanicité, due aux programmations rythmiques, par ailleurs arrangées sans excès, de façon tout à fait crédible. Néanmoins cela n'occulte en rien l'enveloppe passionnelle forte et délibérément brisée par la langueur qui recouvre des textes fouillés et des superpositions d'allégories poétiques noires de qualité indéniables, aussi bien sous la forme de soliloques troublés, comme cette douce litanie d'un suicide foiré (" Merci Dieu de ton Absence "), que de dialogues fiévreux et schizophréniques entre chant clair désabusé et rugissements archaïques (" L'Ange Déchu ", etc.). Nombreuses sont les embardées ambient nihilistes où se réfugient mille froissements sonores angoissants et discours clamés d'une voix déjà plus qu'à moitié morte. " L'Accomplissement " ne peut pas être le genre de disque que l'on se passe dans l'optique de tuer une petite heure sympa à faire des mots fléchés en charentaises, le bol de sangria à portée de main. Il est lui-même une sévère injection de spleen, le cyanure immatériel qui flotte dans un espace clos, anesthésiant pour longtemps les pensées futiles et les envies superficielles. Et pourquoi aimerait-on tant écouter une musique tellement à l'opposé de cette logique d'optimisme moderne qui submerge tout autour de nous, si ce n'était pour ses vertus
cathartiques, pour le joug spirituel et moral qu'elle imprime avec fermeté sur nos esprits, nous offrant l'illusion ( ?) de planer magnifiquement au-dessus du marécage hédoniste de la masse ? Pourquoi lit-on les " Fleurs du Mal ", après tout ? Etant donné que produire une synthèse didactique du style pratiqué par Asyndess relève de la gageure (en tout cas moi j'y ai renoncé dès les premières écoutes), il est nécessaire de suspendre son jugement et de s'en remettre religieusement à la musique et à son vaste
pouvoir suggestif. Si cette chronique vous a fait chier encore plus que la dernière programmation du " Maillon Faible ", je vous recommande toutefois de rester à distance. Maintenant si vous êtes à la recherche de trips mélancoliques ultimes et si vous vous faites un devoir de supporter la spécificité florissante de la scène française, il serait criminel de ne pas au moins faire l'effort de jeter une oreille concentrée sur Asyndess. Quant à moi je commence à croire qu'il est aussi inutile d'attendre que Sacral
Productions sorte un mauvais album que d'espérer voir le duo Thierry Roland - Jean-Michel Larqué dissout avant encore vingt ans de supplices.



Rédigé par : Uriel | 15/20 | Nb de lectures : 8327




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Commentaire
geminy
Invité
Posté le: 03/10/2002 à 21h34 - (1191)
Ta chronique m a mis l eau a la bouche .
Ont ils un site internet pour voir a quoi ca ressemble ?

Uriel
Invité
Posté le: 04/10/2002 à 09h57 - (1196)
http://passociable.free.fr/principal.htm

Il y a un mp3 de "L'Ange Déchu"

geminy
Invité
Posté le: 05/10/2002 à 16h06 - (1211)
Tout d abord merci pour le lien ;
Les chansons se valent elles tous ?

Loufi
Membre enregistré
Posté le: 05/10/2002 à 21h27 - (1214)
non, elles ne se valent pas tous, elles se valent toutes ! hi hi hi

Uriel
Invité
Posté le: 07/10/2002 à 21h00 - (1232)
Geminy, de mon point de vue les morceaux que je qualifierais de "bon" à "très bon" sont en position de force (80% du CD à vue de nez). Après, chacun voit midi à sa porte.
Le mp3 que je t'ai indiqué est bien représentatif de l'esprit et de la qualité d'Asyndess, donc tu peux déjà commencer à te baser dessus pour savoir si c'est un album que tu es susceptible d'acheter ou non.
Essaie de lire d'autres chroniques pour comparer les avis et les descriptions...

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