ASPHYX. Un groupe majeur de la scène Death Metal européenne de plus qui n’aura pas survécu à la première moitié des années 90, tombeau d’innombrables formations. Enfin si, ASPHYX a survécu, tant qu’il a pu, s’est accroché jusqu’au bout à ce death old school teinté de doom qui a fait de lui une légende avec ses deux premiers albums. Jusqu’en 2000 et un pourtant très bon « On The Wings Of Inferno », en tentant même de changer de patronyme deux ans avant histoire de relancer la machine avec SOULBURN, les différents membres du groupe partis puis revenus se sont accrochés pour finalement jeter l’éponge… Jusqu’en 2007 et la réunion d’un line-up sinon d’origine, tout au moins sacrément bandant puisqu’il voyait le retour de son légendaire vocaliste Martin Van Drunen, présent sur « The Rack » et « Last One On Earth », encore aujourd’hui considérés comme les meilleurs albums de la discographie du groupe.

Bien entendu, une reformation ponctuelle exclusivement centrée sur les concerts ne satisfaisait personne et tout le monde espérait une concrétisation de ce retour par un album… ce qui est maintenant chose faite avec un « Death… The Brutal Way » qui, s’il ne détrône pas ses illustres aînés, n’a pas à en rougir et fait honneur à la réputation du groupe. Eric Daniels n’étant pas de la partie, on pouvait se demander comment allait s’en tirer Paul Baayens (THANATOS, HAIL OF BULLETS) à qui est revenu le poste de compositeur : le ASPHYX de 2009 sonnerait-il comme celui de 1992 ? Les Hollandais allaient-ils tenter quelque chose de nouveau ? Se rapprocherait-on de HAIL OF BULLETS, au sein duquel Martin et lui collaborent ? En gros, conserverait-on cette forte identité d’ASPHYX faite d’un mélange incandescent de death old school brutal thrashisant et de doom écrasant ?

Si vous êtes déjà allés jeter une oreille sur la page MySpace du groupe, vous connaissez déjà une bonne partie des réponses : ASPHYX n’est revenu que pour faire ce qu’il sait faire le mieux, du DEATH METAL à l’ancienne, et Paul Baayens s’est si bien intégré qu’on ne ressent pratiquement pas l’absence d’Eric Daniels. Tous les gimmicks sont là, de la gorge ravagée de Van Drunen aux riffs vintage en passant par des passages lourds toujours à la limite du doom et des rythmiques particulièrement appuyées. ASPHYX va, comme toujours, droit au but et ne s’embarrasse pas de structures alambiquées. Aucune démonstration technique ici, on n’est pas là pour branler du manche ou blaster à s’en péter le poignet, la bête avance et ne se retourne pas, écrasant tout sur son passage à l’image du rageur titre éponyme, « Death… The Brutal Way ». On prendra néanmoins la suite d’« Asphyx », ici appelée « Asphyx II : They Died As They Marched » comme un clin d’œil, ce titre n’égalant pas la sombre beauté de son prédécesseur présent sur "Last One On Earth", mais hormis ce bémol (et un autre sur lequel nous reviendrons plus tard) on ne peut qu’applaudir des deux mains devant ces inespérés dix nouveaux morceaux qui nous offrent ce pour quoi ASPHYX n’a jamais disparu de la mémoire de ses fans : du Death joué avec les tripes, jouant de l’alternance lourdeur/rapidité comme personne, avec un cachet lié à leur rôle dans le développement de la scène qu’on ne pourra jamais leur retirer.

Et c’est cette histoire justement, le fait qu’ils aient dans leur discographie deux albums fabuleux qui porte une légère ombre sur « Death… The Brutal Way », qui malgré toutes ses qualités n’atteint pas leur niveau. Ce n’est peut-être qu’une bête nostalgie qui parle, mais malgré le retour de Van Drunen et les compos jouissives de Baayens, il manque une atmosphère à ce disque. La prod trop claire de Dan Swanö (EDGE OF SANITY, HAIL OF BULLETS) y est peut-être pour quelque chose, à moins que ce ne soit tout simplement l’époque, les années qui ont passé et qui ont retiré un peu de fraîcheur à un groupe qui en son temps construisait l’Histoire.

Ceci étant dit, ne vous y trompez pas, ce nouveau ASPHYX est à posséder et s’il ne mérite pas une sélection, il mérite largement une bonne place dans votre discographie.

Avant de terminer, quelques mots sur le DVD bonus, qui devrait convaincre les derniers sceptiques de la pertinence de l’achat de l’album. On y trouve en effet le concert du Party San 2007 pour lequel le groupe s’est à l’origine reformé, onze titres centrés bien entendu sur les deux albums avec Van Drunen au chant et joués avec sobriété mais avec une redoutable efficacité. Peu de caméras mais un montage dynamique qui permet à la fois de souvent voir le groupe de face (et qu’est-ce qu’un concert de death metal sinon une rangée de crinières headbanguantes ?) et de profiter de quelques plans individuels. Le grain rajouté à l’image lui donne un aspect vieilli qui passe bien (question de goût, certes) et les plans en noir et blanc s’ajoutent au montage pour donner un rendu très vivant malgré la prestation relativement statique des musiciens. Côté audio rien à redire non plus, à tel point que l'album aurait certainement gagné à avoir ce son chaud et massif au sein duquel la basse ronronne comme un bon gros chat qui vient de se taper quelques souris bien grasses. En résumé, un DVD offert très pro forcément indispensable aux fans de la première heure, que Metal Mind n’aurait pas hésité à commercialiser…

Track listing DVD :
01. Vermin
02. M.S. Bismarck
03. Serenade In Lead
04. The Sickening Dwell
05. Food For The Ignorant
06. The Krusher
07. Wasteland Of Terror
08. Asphyx (Forgotten War)
09. Pages In Blood
10. The Rack
11. Last One On Earth

Technique :
Son : stereo PCM
Image : 16/9


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 13975