La Sainte Trinité du triple B (BREACH/BOTCH/BURIED INSIDE) fait encore son lot d'émules ici bas. Après l'harassant "Is.Land" de TIME TO BURN, les Toulousains d'EINNA et leur prenant "Les Angoisses d'Arcadie", place aux Bisontins d'ASIDE FROM A DAY avec leur deuxième méfait, "Manufactured Landscape", succédant à "Divine Proportion", paru voilà de ça quatre ans, et couronnant leurs déjà dix ans dans la place.

La Franche Comté jouxtant la Suisse, il n'est pas étonnant de les retrouver signés chez Division Records (IMPURE WILHELMINA, VANCOUVER) ni d'y dresser d'autres parallèles avec les poids lourds helvètes du genre (KNUT, UNFOLD...). Et c'est là que le bât blesse au final : même si la sincérité et l'énergie mise dans "Manufactured Landscape" sont sans calcul aucun (le style offrant de bien risibles perspectives pécuniaires) et viscérales, au final ASIDE FROM A DAY reste bien trop proche de tous les précédents cités, sans posséder cette inextricable valeur ajoutée (un plan crab-core, du chant clair au vocoder?) qui en ferait l'un des fers de lances d'une scène hexagonale plus que fournie.

On n'ira pas jouer les langues de putes en déblatérant que "Manufactured Landscape" fait honneur à son nom, qu'il n'est qu'une simple reproduction des paysages sonores déjà couchés par tous les pontes du postscreamochaosfuniculaire-core, mais ce second opus n'ose pas suffisamment montrer les dents, faute à des guitares trop sages (dans le jeu et dans le son, mix et mastering ayant été laissés aux bons soins de mister Magnus Lindberg du CULTE DE LA LUNE) et un chant screamoïsant à n'en point douter empreint de douleur, mais trop peu expressif. Les riffs, ni vraiment tranchants ni vraiment écrasants, les tristounettes mélopées post-rock et les titres se succèdent tranquillement, sans vraiment nous faire tressaillir et peinent du coup à obtenir l'effet escompté.

Manque de tension, de mordant ; ASIDE FROM A DAY, malgré sa bonne volonté, peine à faire la différence sur cette livraison. Cela dit, le constat paraît sans doute sévère, mais le boulot est plus que correctement exécuté, il n'y a aucune faute de goût dans cet album, c'est juste que le quatuor fait un peu trop attention à ne pas traverser en dehors des clous. Une autre marque de leur côté suisse? Sus au civisme musical!


Rédigé par : Crown_Me | 12/20 | Nb de lectures : 10995