Etre chroniqueur pour VS est synonyme d’omniscience métalistique, et chaque jour qui passe est l’occasion de contempler le chemin qu’il reste à parcourir sur la voie de la sagesse pour la larve ignorante que je suis. Connaître le plus obscur groupe texan, et être surpris pas un groupe français, cela frôle la faute professionnelle. En ce qui concerne ASHURA, la faute est réparée, et l’on ne m’y reprendra plus, la claque fut trop douloureuse. La chronique d’”At the Dawn of your Deterioration” en ces pages (aux bon soins de mon camarade à sang froid) aurait pu servir d’avertissement car “Legacy of the Hatred” est déjà le deuxième album des Picards. Cette sortie devrait encore amplifier la phénoménale montée en puissance du groupe dont témoigne la tournée qui les occupe en ce moment, ainsi que leur signature chez Thundering records.

Il est difficile de décrire le style que pratique ASHURA dans un webzine autre que “savate-dans-ta-face.org” ou encore le bien nommé “coup-de-santiag.com” tant les Picards bottent le train.
Si l’on se force absolument à rester dans le domaine musical, le groupe combine des influences diverses, allant du Death le plus viril au Power Metal façon PANTERA, en passant par le Death mélodique ou encore le Death Core. Un gigantesque fourre-tout pourtant cohérent, où toutes les influences se combinent pour façonner une musique directe, brutale, technique et mélodique.
Chaque chanson est une dose d’énergie pure à tempo élevé. Les riffs de guitare sont tranchants et pêchus, soutenus par une batterie martiale, mais ASHURA ne se borne pas à construire des chansons efficaces. Les quelques 14 compositions (!) sont truffées d’arrangements, de ponts, de breaks mélodiques ou techniques, de solis de guitares implacables. Il est rare de trouver deux fois le même rythme dans l’album. On sent d’ailleurs un sacré talent du côté des cordes. Les morceaux ou sections instrumentales (“Funeral of the Desert, “Tears of Blood” ou encore “Black Blood”, et son superbe chant féminin), mélodiques et bien construits sont des bijoux qui aèrent un album dense et témoignent des qualités musicales du groupe.
Difficile de mettre “Legacy of Hatred” en défaut. La production de l’album est brute, abrasive. Les guitares sont rêches, précises, la batterie très mate et naturelle, ce qui ajoute encore de l’impact à une musique déjà percutante. Le seul bémol est à chercher du côtés des vocaux. Le chant est à l’image de la musique d’ASHURA, très varié, passant par exemple des hurlements déchirés aux growls. Ces derniers sortent un peu trop fort et trop brouillon du mixage ce qui gâche un peu, à mon sens, l’effet qu’ils sont sensé apporter. Un détail qui ne ternit pour autant pas le travail important de David sur l’album.

Avec “Legacy of Hatred”, ASHURA fait preuve d’une incroyable maturité dans la composition, tant dans l’énergie dégagée par la musique que dans la qualité d’écriture des morceaux, leur diversité et leur richesse. A l’écoute de leur précédent effort, on se dit que cette fois, la marge de progression est faible, mais qui sait? ASHURA doit en tous les cas être soutenu. Ils ont les capacités et les ambitions, si on leur en fournit les moyens, ils devraient imprimer la trace de leurs espadrilles sur un sacré paquet de culs dans un futur proche.


Rédigé par : La Myxine | 16/20 | Nb de lectures : 11974