ASHES YOU LEAVE - Fire (Morbid/Adipocere) - 27/12/2002 @ 14h50
Cet album a reçu plusieurs critiques franchement favorables et quelque part ça me dépasse. Du temps où des groupes comme Theatre of Tragedy ou The Sins of Thy Beloved étaient encore du côté ascendants de la crête, une galette de ce niveau aurait été violemment renvoyée parmi la caravane des suiveurs, et encore dans les rangs serrés à cent lieues des projecteurs. Aujourd’hui… et bien faute de grives on mange des merles dit l’adage, donc la presse unanime, qui aime bien garnir ses choux gras avec une petite flambée de nostalgie de temps à autres, se félicite d’avoir retrouvé un groupe qui pratique le gothic doom avec chant féminin comme aux plus belles heures des 90’s avec un son au moins aussi antidaté : riffs hésitant entre pachydermie et faux allant, synthés bon marché douchés d’un romantisme bien assimilable, éternelles passes d’armes vocales entre un chanteur death impersonnel et une aspirante soprano, et l’instrument élégiaque – qui peut si vite tourner en usine à larmes de crocodile – nommé violon.


Comme chacun sait, la chair du merle est coriace, d’autant plus lorsqu’on tombe sur un volatile âgé et tout étiolé. Originaires de Croatie et dépositaires de (déjà !) trois albums antérieurs à « Fire », Ashes you Leave n’ont pas seulement gentiment décalqué leur style sur le fonds commun, ils ont aussi emprunté leur patronyme à un classique de Cathedral, se condamnant de la sorte à rester un groupe qui ne s’appartiendrait jamais totalement. Sur « Fire », le syndrome du « déjà entendu » se répand comme une épidémie de typhus, faisant de chaque morceau une sorte de Frankenstein du pauvre, un patchwork de tissus sonores ordinaires, de fibres d’enchaînements réchauffées et de traits de caractère génériques qui, mis côte à côte, tirent fréquemment dans des directions opposées, si bien qu’à l’arrivée on doit lutter contre l’impression désagréable de se faire trimbaler sans projet de virages verglacés à 180° en transpositions sauvages dans des décors toujours plus anachroniques. Je n’oserais pas taxer la musique de piètre, mais d’irréparablement imbuvable, ça oui ! Le coup de grâce est asséné par les vocaux. Je suis sidéré que personne (dans les chroniques que j’ai lues) n’ait mis l’accent sur l’insigne faiblesse de cette facette d’Ashes you Leave. Primo : il serait temps après quatre albums que quelqu’un explique à l’ingé son du groupe que, si le chanteur grogne un peu dans sa barbe, il existe des boutons sur la console de mixage pour ajuster au plus exact le volume de la piste. N’en faisons pas un drame, tout au moins pas autant que du deuzio. Deuzio : pourquoi, mais pourquoi personne dans le studio n’a-t-il eu la présence d’esprit d’assommer Marina Zrillic à coups de guitare et de coller quelqu’un d’autre devant le micro ? Je ne sais pas moi, la violoniste, la femme de ménage, une génisse mettant bas, n’importe quoi qui soit moins ultimement intolérable que ces bêlements aléatoires et – appelons un chat un chat – d’un insondable crétinisme. Comment peut-on enregistrer et mettre sur le marché une ignominie pareille et vivre la conscience tranquille ? Complètement à côté de ses pompes la Marina, geignarde aux émois hypocrites qui sur les intervalles atmosphériques halète comme une coureuse de marathon au 40ème kilomètre et qui sur les parties plus enlevées se croit parfois obligée de pousser des cris hors du ton (et en plein dans le spectre de saturation du microphone par la même occasion) à rendre Lara Fabian verte de jalousie. Si son but était de se faire remarquer, c’est gagné ! Même ma voisine est venue me trouver toute chancelante à l’issue de ma première écoute de « Fire » pour me prier de lui épargner à l’avenir des tourments similaires – je souligne que cette anecdote est véridique et qu’en deux ans de colocation la pauvre demoiselle s’est régulièrement mangée du Dornenreich et du Bethlehem à plus fort volume que ça…

Dans l’hypothèse d’un mauvais accueil généralisé, les musiciens auraient toujours pu pointer la production du doigt. Mais non, pas la peine, l’album est arrosé de compliments même dans les publications les plus respectables. Chez Legacy on voit en Ashes you Leave un « digne mélange de Tristania et My Dying Bride » (le chroniqueur précisant que les vocaux féminins sont « timides » : c’est une plaisanterie ?), chez Amboss Mag un groupe qui « pose sa marque sur l’Olympe du doomy folk metal » ou encore chez Orkus « un des plus grands espoirs dans leur niche du marché ». S’il me restait quelque espoir quant à une neutralité de la presse allemande vis-à-vis de certains labels nationaux, ladite niche vient de tomber sur le chien… qui en est mort.



Rédigé par : Uriel | 4.5/20 | Nb de lectures : 7490




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