Vous savez que vous êtes une bande de veinards vous là, qui lisez cette kro sur votre 19 pouces digital confortablement installé dans votre fauteuil Ikea et qui cliquez nerveusement sur votre souris optique. Oui, n’en doutez pas, vous êtes chanceux.
Car qui d’autres que les kronikeurs dévoués et désintéressés de VS endureraient l’insupportable tout ça pour vous éviter de dépenser inutilement vos précieux euros. Ben oui ! Il faut des héroïques qui se sacrifient pour la bonne cause. Et tant pis pour nos oreilles et notre équilibre mental si ce que le boss nous oblige à écouter nous pousse au mieux à la dépression au pire à sauter par la fenêtre en criant « Maman, qu’est-ce j’ai fait pour mériter ça ? »

Prenez Art Of Simplicity par exemple. C’est un groupe grec de métal progressif formé en 2003 qui « suivrait » les traces de POS. Jusque-là pas de quoi marcher sur la queue du chat ou torturer inutilement grand-mère. Récemment, la Grèce nous a donné Wastefall. C’est pas l’apogée du summum de l’apothéose, mais j’en connais qui paieraient gras de noix de cajou pour être à leur place. D’ailleurs, certains membres de Wastefall le sont également d’AOS.

Durant l’été 2005, le groupe est au complet et se fend d’une démo –Asymetric- qui reçoit bon accueil parmi les webzines et les radios spécialisées helléniques. Elle est même élue « démo du mois » par l’équivalent grec de Metal Hammer. Encouragés par cet accueil, les Grecs enregistrent leur premier véritable album, Caught In This Iless Storm.

Ils définissent leur musique comme le parfait équilibre entre « la simplicité qui peut (doit ?) permettre à l’auditeur d’en apprécier rapidement les contours et l’art ou sophistication susceptible d’intriguer l’auditeur plus averti. » Ça, c’est ce qui nous est vendu comme bio et qui accompagne le CD. Alléchant et intriguant de prime abord. Le résultat est une combinaison des influences de tous les membres… et un joyeux dérapage dans la moussaka ! Et oui, malheureusement, AOS n’est même pas à la hauteur de Wastefall.

Pourtant c’est un fait, pour être séduisant, le métal prog de classe - ou à défaut efficace - se nourrit de suffisamment de complexité - chère aux grammairiens - d’une dose d’agressivité maîtrisée et de cette fameuse simplicité accessible aux néophytes. Une savante alchimie dont l’aboutissement tient souvent du miracle. Gageure hasardeuse qui voit l’exercice parvenir ici à ses limites. Car il est manifeste qu’AOS n’a pas lu le bon grimoire ou n’a pas su en décrypter les formules. Même les plus lisibles. Le propos est brouillon. Désirant coller au plus près de son credo bidirectionnel revendiqué haut et fort – simplicité et sophistication – il n’atteint que rarement son but. En raison d’un manque évident de caractère, la complexité affichée se mélange les crayons avec une candeur qui ferait sourire si les protagonistes ne le faisaient le plus sérieusement du monde. C’est le cas par exemple de Vigil ou From A Frightened Soul qui, constitués d’assemblages hétéroclites, se noient dans une grande confusion. Riffs mordants, violon sautillant et claviers bavards ne suffisent pas à donner du corps quand l’esprit est ailleurs.

Je vous passe le chant très terroir et la prod fadasse car ces 2 défauts seraient pardonnables si l’on pouvait extraire de cette chose de quoi sauver AOS de la disgrâce. Hélas, trois fois hélas cher Ménélas, pas l’ombre d’une Aphrodite pour sauver Pâris de la flèche de Philoctète. Je ne saurais donc que trop vous conseiller de passer votre chemin et de garder vos drachmes pour une odyssée plus excitante.


Rédigé par : Karadok | 08/20 | Nb de lectures : 10183