Un groupe devant sa signature sur un label européen majeur à une victoire dans un concours de jeunes pousses (le Metalchamp 2007), dont le premier album combine influences espagnoles et germaniques et qui opte pour une reprise de COOLIO en lieu et place de l’hommage à une légende du métal à laquelle on pourrait s’attendre, ça pue le crash frontal… ou pas.

Dans le cas d’ARTAS, on est en effet bien loin de l’échec artistique qu’on pouvait craindre : d’une part, leur victoire est à l’évidence méritée, tout au moins justifiée par une maîtrise surprenante de l’art de la composition. D’autre part, ce mélange (principalement vocal) de l’allemand, de l’espagnol et de l’anglais passe tout seul et pour ce qui est de la reprise de COOLIO, c’est de la Bombe Bébé ! Cette version de la BO d’« Esprits Rebelles » (oui, celui dans lequel Michelle Pfeiffer quitte l’armée pour devenir prof) est imparable dans son nouveau treillis métal, ne subsistant du morceau d’origine que son refrain et la mélodie principale. ARTAS ne s’arrête cependant pas là et montre son refus de se laisser enfermer dans un style particulier sur pratiquement chaque titre, se rapprochant du crossover de SOZIEDAD ALKOHOLIKA sur « Bastardo », du grunge de NIRVANA sur « Through The Dark Gates » avec un refrain à la MARILYN MANSON en prime, du thrash death suédois sur « The Butcher’s Guilt », en gros à chaque morceau son inspiration !

La conséquence d’un spectre musical aussi large est bien entendu qu’on perd un peu en unité et qu’il est difficile de décrire précisément « The Healing ». Thrash moderne est peut-être le qualificatif qui lui convient le mieux puisque le son et l’orientation générale de l’album s’en rapprochent, mais il est avant tout un album de métal, plutôt burné et varié sans être un fourre-tout bordélique. Le mixage de Jacob Hansen (HEAVEN SHALL BURN, ROB ROCK, VOLBEAT) est irréprochable, juste assez crade pour que le rendu ne soit pas trop aseptisé. La touche finale est apportée par l’artwork somptueux de Dennis Sibejin's (JOB FOR A COWBOY, CHIMAIRA) qui aura au moins le mérite, s’il ne pousse pas seul à l’achat, de donner envie aux curieux d’en savoir plus sur l’album d’ARTAS quand ils le verront en bac.

« The Healing » est un bon premier album qui finira peut-être par lasser en raison de son éclectisme et/ou de ses chansons un poil trop lisses en général mais qui aura tourné un paquet de fois avant cela. Plus de brutalité aurait peut-être apporté le piment qui lui manque mais ceci est un avis purement subjectif, les débuts sont très prometteurs!


Rédigé par : Dungorpat | 14/20 | Nb de lectures : 10827