Peu de groupes se payent le luxe de sortir des albums tous les 10 ans sans voir leur parcours interrompus par des changements de line-up ou de maisons de disques. Armored Saint est une de ces rares exceptions sortant son nouvel et sixième opus en mars 2010, soit un peu moins de 10 ans après "Revelation" qui faisait lui suite au fameux "Symbol of Salvation" publié en 1991. En presque 20 ans, Armored Saint a sorti autant d'albums studios qu'à ses débuts lorsque le groupe était signé sur la major Chrysalis pour y publier 3 disques entre 1984 et 1987.

Il est évident que le décès du guitariste Dave Prichard en 1990 puis les activités du chanteur, John Bush - au sein d'Anthrax - et du bassiste, Joey Vera - au sein de Fates Warning, Lizzy Borden, Chroma Key ou même Anthrax - ont complètement bouleversé la carrière tracée d'Armored Saint… au point que le groupe ne soit plus qu'un hobby auquel les membres se consacrent lorsque l'envie et le temps libre sont réunis.

Il y a quelques semestres, John Bush et Joey Vera ont ainsi eu envie de recomposer des chansons ensemble, au bout de quelques mois les premiers titres prirent forment et le duo décida que le matériel était assez bon pour finir sur un nouvel opus d'Armored Saint. A l'époque où le « click/copy/paste » fait fureur dans les studios d'enregistrement, le groupe opta pour un enregistrement autoproduit sur un équipement analogique "à l'ancienne" serais-je tenté de dire.
"La Raza" contient 10 véritables chansons reposant sur un socle solide formé par l'alliage du hard rock et du heavy metal des années 80. La production organique et rock met en lumière la musique du groupe dans une ambiance presque douce et terriblement groovy.
On ne s'ennuie pas à l'écoute de "La Raza". L'opus démarre par un “Loose Cannons" simple et énergique, "Head on" débute par une intro sentant la NWOBHM à des kilomètres, "Black Feet" est empreint de riffs rock 70s ou stoner, "Bandit Country" surprend avec ses légères touches chili pepperiennes, la ballade "Chilled" fait la part belle aux émotions et aux leads réussis, etc.
Vous l'avez compris les compositions sont très variées mais elles ont tous pour point commun d'être directes et accrocheuses. Le chant tout en maîtrise et puissance du terrible John Bush faisant mouche à chaque fois.

On notera que la formation de Los Angeles - qui a grandi dans des quartiers hispaniques - a offert encore plus de places à ses racines latinos, traces que l'on avait découvertes par le passé avec “Tribal Dance” sur "Symbol of Salvation" ou encore ”No Me Digas” sur "Revelation". Ces touches appariassent par intermittence sur l'ensemble de l'album, soit via des percussions ("La Raza"), soit par quelques gimmicks au niveau du jeu de guitare de la paire de Sandoval/Duncan.

Si "La Raza" est incontestablement un album réussi, il s'adresse avant tout aux fans de rock et de hard rock plus qu'à ceux de heavy metal et autres dérivés plus extrême. Notons également que c'est une très bonne solution palliative pour les fans d'Anthrax qui attendent un nouvel opus avec John Bush avec impatience depuis... "The Greater Of Two Evils" et 2004.


Rédigé par : VsGreg | 14.5/20 | Nb de lectures : 13097