Tel un mort-vivant des étals de disquaire, tel un John Lennon du black metal, Armagedda nous sort une troisième production posthume depuis l'arrêt officiel des activités du groupe. Jusqu'à présent, Agonia et Nordvis Produktion (le label d'Armagedda) ont plutôt donné l'impression de racler les fonds de tiroir du projet, avec respectivement un Volkermord et un Echoes of Eternity qui compilaient autant les raretés que les baillements.

I Am donne encore une fois dans l'archéologie, un joyeux Indiana Jones ayant déterré les ossements d'enregistrements égarés datant de 2001 et 2002. Mais pour une fois, la friandise abandonnée au fond du tiroir a un goût rance assez attractif. Sorti avec la complicité de Eisenwald Tonschmiede, le MCD contient quatre titres inédits de black orthodox à la sauce Armagedda. Une fois n'est pas coutume, je vous fais un descriptif en "track by track".

Les compos dépouillées laissent la part belle à des élans mélodiques d'outre-tombe et la magie opère rapidement dès la ritournelle morbide de "Den Skriva Eskatologin" avec ses airs de "Only True Believers". Très énergique, le morceau donne l'impression d'une fuite en avant, avec une belle montée en charge tout du long. "De Vanhelgade" démarre moins offensif, chargeant à pied protégé derrière le roulement d'une rythmique mid-tempo, avant de balancer un "refrain" über-efficace et sautillant à l'écoute duquel il est impossible de ne pas dodeliner du chef. "I Am" est la compo la plus plombée. Lourde d'une atmosphère poisseuse, elle commence par dérouler ses lents riffs en laissant la voix et les trémolos de la guitare lead mener les débats, avant d'évoluer au fil des minutes vers le blast. Et c'est le plus sauvage "Cold Eon" qui ferme la marche, avec son côté punk plus prononcé. Si des différences sont marquées entre les titres, je n'espérais pas d'aussi bons titres sur cette sortie.

La production est sèche et fleure bon l'enregistrement à l'ancienne. Les adeptes de son léché en seront pour leurs frais, mais je trouve cet écrin rèche et grésillant parfait pour les compos. Voire même plus seyant que les albums mis en boîte au Necromorbus. En bon connard, j'ai craqué pour l'édition digisleeve du MCD. Sur six panneaux très sombres, on retrouve l'esprit des livrets d'Armagedda (notamment une gravure médiévale). Bref, un packaging assez emballant (Jean Roucas, sors de ce corps), même si l'édition crystal suffit probablement.

De très loin plus intéressant que les deux dernières compilations, I Am livre une facette sans fard du projet suédois, sans verser dans l'enregistrement de répétitions moisi. Sans fard mais comptant son lot de bons riffs à taper la semelle. Dans ces conditions, je dis juste "hell yeah!".


Rédigé par : Prince de Lu | 07,5/10 | Nb de lectures : 12126