Comme vous, chaque jour que Satan fait je me tords de douleur en pensant à la disparition du groupe suédois Armagedda. Bon, c'est un peu exagéré, mais voilà encore un groupe relativement sympathique disparu corps et âme du jour au lendemain. En 2004, après un dernier communiqué plein de rancœur, Graav et A. ont jeté l'éponge en déclarant ne plus rien avoir à faire avec une scène black infestée de gens "pas sérieux". Fini le black, qu'ils disaient! Si cela n'a pas empêché les compères de tenter un retour avec le peu glorieux LIK, cette déclaration a sonné le glas définitif d'Armagedda. [légère digression : "Armageddon" s'écrit bien avec un "g" et deux "d", nos Frenchies peu futés sont à l'envers]. C'est là qu'interviennent vos contorsions de douleur en réécoutant les albums "The Final War is Approaching" (2001), "Only True Believers" (2003) et "Ond Spiritism – Djæfvulens Skalder" (2004), ou en réécoutant l'un des splits, EP ou démos sortis sous le patronyme apocalyptique.

Malgré son anonymat relatif, Armagedda a splitté avec au compteur une discographie qui tient la route. Difficile de détacher un des albums pour en faire son favori dans une carrière à la gloire d'un black hargneux et bien mélodique, malgré un tempo tranquille. Si Armagedda avait existé quatre ans plus tard, le groupe aurait peut-être profité de la vague Necromorbus. Mais ils ont fait partie des précurseurs (bien après Funeral Mist tout de même) à poser leurs séants dans les fauteuils du boulimique de travail Tore Sjterna. Et si on les associe parfois au début de la vague orthodox, ils n'en auront pas récolté les lauriers avant de se dégoûter. Bon, le préambule était un peu long, mais on n'aura pas beaucoup l'occasion de parler de cette formation. Et au final, quels sont donc ces échos qu'on entend dans l'éternité ?

Hé bien, il s'agit ici d'une compilation de démos, de morceaux inédits, de live et d'EP présentés pour la première fois sur une rondelle de plastique compatible avec un lecteur CD. On va se faire tout ça dans l'ordre. Le premier titre est issu du split avec Woods of Infinity paru en 2002 chez Sombre Records. Le titre suivant "Emperors from the Eternal Dark" est tiré du split avec Secrets of the Moon, Dark Storm et Bael, édité chez le même label la même année. Le titre est plus dispensable car déjà présent sur "Only True Believers". Provenant de la même session d'enregistrement de 2001, "New Era" qui vient ensuite est un inédit. Les deux morceaux suivants sont tirés du EP "Strength Through Torture" paru chez Panic Records en 2002 également.

On poursuit avec encore un inédit de 2001 "Schizofrenic Paranoia", avant de trouver trois titres tirés de "In Blackest Ruin" (split avec Svarthymn de 2001, dont la partie Armagedda a été rééditée en 2004 par Agonia sous format EP). Faute de place, la démo "Volkemord" n'est pas non plus en intégralité, ne laissant que trois titres datés de 2000 (Flagellation Records). Au passage, Volkemord est le premier nom d'Armagedda et ces titres datent d'avant le re-baptême du groupe. Il reste ensuite quatre titres live de 2002 ("A World Full of Lies", l'inédit "I Am", "At the Edge of Negative Existence" et la reprise de Bathory "Satan My Master" dont la version studio traîne un peu avant sur le CD). La compil se conclut par la reprise de Burzum "Ea, Lord of the Depths" après 70 minutes de bruits divers.

Les titres live ont été enregistrés avec un micro perdu quelque part dans la salle. On entend les gens proches papoter dans le brouaha peu distinct qui sert de bande-son au concert. Bon, on n'avait qu'à être dans la salle en Belgique ou aux Pays-Bas, après tout. Les deux titres inédits ne sont pas non plus bouleversifiants. Finalement, le côté intéressant est de pouvoir disposer sur un même support de titres éparpillés sur différentes sorties, souvent vinyl. Plutôt que les titres en live, j'aurais préféré l'intégralité des anciens et nerveux errements du groupe que sont "In Blackest Ruin" et "Volkemord. Mais il paraît que je chipote.

Ce qui ressort de cette compilation fourre-tout est une sensation de vide-grenier du dimanche. Les conditions d'écoute sont toujours variées et par moments moins plaisantes. Indispensable pour les die-hard fans collectionneurs du groupe, cet assemblage de titres ne l'est pas pour découvrir le groupe. Cela sent même bon le bruit du tiroir-caisse pour Agonia qui cherche probablement à gagner des ronds à moindre frais. Le groupe qui s'est sabordé comme on le sait a pourtant participé à la conception, au travers d'un livret agréable à feuilleter. M'enfin, je vais en rester aux albums, n'ayant jamais eu pour ambition de posséder chaque note d'Armagedda.


Rédigé par : Prince de Lu | Compilation de raretés/ | Nb de lectures : 10713