Je dois être un peu maso. Après la volée de bois vert que s'est pris Sheb pour avoir osé critiquer "Filth catalyst",je me suis porté volontaire pour me coltiner la kronik du nouvel album de ces sulfureux parisiens comme je l'avais fait avec le tout premier "Hell Injection". Bref, on ne m'ôtera pas de l'idée que, n'en déplaise aux nombreux détracteurs, "Filth catalyst" n'était pas un très bon disque, certainement trop brouillon, un peu dispersé et trop peu mémorisable. Je présume que je vais également entendre des arguments concernant l'attitude des AI, qui se plaisent à entretenir une image totalement délurée, à accumuler les provocations scéniques et à, paradoxalement, être plutôt discrets en dehors de ces coups d'éclat. C'est en tout cas, mon impression de petit provincial pas trop intégré dans le milieu parisien. Autant vous prévenir, je m'en tape royalement, l'essentiel restant la musique et je n'ai pas vraiment été déçu sur ce coup là. "Perdition Insanabilis" fait preuve d'une grande maturité et se pose comme un album charnière dans la carrière du groupe. Tous les défauts que j'ai cités plus haut sont globalement gommés et desservent à merveille l'ambiance malsaine au possible que le groupe sait si bien créer.
S'ils officient toujours dans un mélange brutal de black et de death, le côté black a été un peu mis en retrait et la partie death prend largement le dessus. On sent également la grosse influence de groupes plus apocalyptiques comme Impiety, Revenge ou Myrkskog (ce dernier groupe est peut-être même le plus proche du style et de l'esprit de AI). On retrouve cette caractéristique dans le côté "pas trop carré" de Arkhon Infaustus. L'agression se fait de manière directe, compacte et lourdingue, sans toutefois donner l'impression d'un manque de contrôle. Certains morceaux comme le génial "M33 constellation" alternent les passages ultra-brutaux et les parties lentes avec efficacité et "Saturn motion theology" vous catapultent directement en enfer pour un aller simple particulièrement douloureux. "Oratio descendere", "Profanis codex LXVI" ou "Whirwind journey" sont des morceaux exemplaires, chargés de riffs efficaces, qui naviguent toujours entre une maîtrise instrumentale accrue et l'extrème limite d'une hystérie meurtrière que "Perdition Insanabilis" semble vouloir sonoriser pendant ses 42 minutes. Les doubles vocalises, dans l'ensemble extrèmement gutturales et hargneuses, comptent parmi les plus efficaces du style et le groupe a ENFIN bénéficié d'une production à la hauteur, ni tapageuse, ni économique mais tout simplement parfaite pour eux. Je mettrai simplement un petit bémol sur certains passages de grattes qui se perdent un peu dans les médiums, mais ce n'est pas particulièrement gênant. On tient donc ici ce qui est aisément le meilleur album d'un groupe qui va faire la nique à pas mal d'actes brutaux bien établis. On regrettera parfois que l'album semble perdre un peu de son impact sur la fin, mais dans l'ensemble, ce nouveau disque est une réussite. L'originalité ne saute pas aux oreilles mais ce côté terriblement méchant, oppressant et agressif est véritablement devenu la marque de fabrique de Arkhon Infaustus et, de toute évidence, le cap du troisième disque est franchi avec brio.


Rédigé par : Loufi | 16/20 | Nb de lectures : 11935