Je vous avais déjà touché deux mots au sujet d’ARKAN voilà deux ans à l’occasion de la sortie du mini « Burning flesh » traitant ambitieusement en musique les différentes phases psychologiques, les doutes d’un terroriste kamikaze. Un projet intéressant imaginé par Foued Moukid l’ex-batteur de THE OLD DEAD TREE adjoint d’Abder Abdallahoum (ex-DAWN OF DECLINE), Florent Jannier (ex-WHISPER-X) ainsi deux ex-zicos du groupe de death algérien, WORTH, mais qui m’avait quelque peu laissé sur ma faim.

C’est donc emprunt d’une certaine réserve proche de l’enthousiasme que génère la promesse d’un bon coup de pied au derche, que je m’apprêtais à me farcir quelques écoutes répétées d’ « Hilal » pour y accoler l’opinion purement subjective que vous êtes en train de lire.

Il faut croire qu’ARKAN a su mettre à profit ces deux dernières années car ils nous reviennent avec un album qui a nettement plus de baloches et d’originalité que n’en avait « Burning Flesh ». Si ARKAN se contentait jadis d’assumer ses origines nord africaines par un métal timidement arabisant, il les revendique désormais haut et fort au travers d’un métal enrichi par divers instruments ou inspirations purement orientales. Il faut dire que le groupe a cassé la tirelire pour ce premier album en faisant appel aux savantes manettes de producteur de Fredrik Nordström et à Jacob Hansen pour le mastering. C’est sans doute pour cette raison qu’on est, avant toute chose, frappé par la production écrasante de « Hilal ». En pinaillant un peu, on pourrait reprocher à ce « gros son » d’être un peu trop formaté sur le modèle Fredman studio mais quand on se retrouve cloué au-dessus de la cheminée par la monstrueuse attaque d’un titre comme « Chaos Cypher », ce choix de production prend tout son sens.

Mais reprenons un peu les choses depuis le début. Avec « Hilal », ARKAN poursuit son projet métallico-oriental mis cette fois-ci, l’aspect oriental a été mis plus en avant pour aboutir à un métal plus ethnique et plus original qui voit se succéder des instruments typiques comme l’oûd, le bendir, la derbouka ou encore la mandole (cherchez pas, j’ai mes sources) en plus des instruments habituels inhérents au métal normalement constitué. Si l’utilisation des instruments exotiques souligne finement les origines d’ARKAN sur certains titres, ils se retrouvent en première ligne sur certains interludes/morceaux aussi exclusivement acoustiques que mauresque.

Les variations d’un titre à l’autre sont nombreuses gardant un fil conducteur oriental plus ou moins marqué. Death métal de boucher, métal atmosphérique (l’intro d’un titre comme « Tied Fates » évoque même un groupe comme ALCHEMIST), accords aux relents néo, volutes arabisantes, intermède de chants traditionnels, mélange des langues (oui je sais ça à l’air cochon dit comme ça) ARKAN n’a pourtant pas cherché à faire un album progressif. Chacune des facettes du groupe se côtoie au fil des titres sans qu’aucune ne semble inopportune. Du côté du chant, ARKAN a cherché cette même variété de tonalité avec un timbre éraillé qui vire facilement au bon growl des montagnes, un chant clair plus aérien, un autre plus tribal et quelques interventions de voix féminines du plus bel effet.

Certes le résultat n’est pas sans évoquer un ORPHANED LAND plus musclé que l’original mais ARKAN déploie ici un savoir-faire qui laisse entrevoir des perspectives intéressantes et ô combien personnelles. Je ne doute pas d’ailleurs que la lecture des textes de cet album soit une source d’intérêt supplémentaire.

Pourtant « Hilal » n’est pas un album parfait. Du haut de ses quelques 62 minutes « Hilal » n’échappe pas à quelques longueurs, notamment sur un passage purement traditionnel comme « Athaoura». L’autre réserve concernera les voix claires masculines qui ne sont pas toujours à la hauteur des ambitions d’ARKAN et sur lesquels, le groupe devra se concentrer davantage à l’avenir. ‘fin moi je dis ça comme ça hein ? J’ai pas envie qu’on plastique ma voiture pour si peu non plus.

Toujours est-il qu’en dépit de ces détails perfectibles, ARKAN nous propose ici un premier album plutôt réussi, chargé d’exotisme authentique et envoûtant.
Dépaysement garanti.




Rédigé par : Tonton | 15,5/20 | Nb de lectures : 12578