Dire que j'attendais cet album serait un euphémisme. ARCTURUS a toujours été un des archétypes de ce que je recherche dans la musique: un savant mélange de puissance et de technique adroitement mélé à un style unique reconnaissable immédiatement. La préciosité du groupe était de plus entretenue par l'aura qui entourait le combo dont les apparitions sur scènes étaient encore plus rares que les sorties d'albums... trois albums en quinze ans... trois joyaux plus immortels les uns que les autres. Et puis les choses se sont précipitées. Garm a quitté le groupe, vite remplacé par Øyvind Hægeland, Chanteur de SPIRAL ARCHITECT qui a lui aussi quitté le groupe, cédant la place à Simen Hestnæs, plus connu sous le nom de Vortex qu'il utilise au sein de son groupe principal, DIMMU BORGIR. Changement de label également avec la signature du groupe sur le label français Season of Mist. Les norvégiens semblaient à un tournant décisif de leur carrière. De nombreuses questions se sont alors précipitées dans les esprits à l'approche de ce nouvel album, Vortex serait il à la hauteur de Garm ? arriverait-il à succéder au charismatique chanteur originel du groupe ? Et puis surtout, l'album serait-il à la hauteur de nos attentes... de mes attentes.
Nous avons maintenant entre les mains, et surtout les oreilles, les réponses à toutes nos questions. L'album a maintenant tourné assez intensivement sur ma platine lors de ces derniers jours pour que je puisse donner un avis relativement définitif qui n' a que peu de chances de beaucoup changer dans les semaines, les mois voire les années à venir. La première écoute de ce "Sideshow symphonies" ne m'a vraiment pas emballée, j'y ai vainement cherché les moments forts de sans rien trouver qui puisse me laisser penser à un grand album de ARCTURUS. Aucun doute sur la marchandise, on n'avais pas pu me refouguer un autre groupe. Tous les élèments constitutifs du style du groupe étaient bien là: le piano qui ouvre l'album dans une cavalcade des plus habituelles chez ARCTURUS, la batterie du génial Hellhammer qui une fois de plus accomplit ici un travail époustouflant, des morceaux aux structures complexes, dignes des plus grands groupes de rock progressif et bien sûr les ambiances spatiales et théâtrales uniques qui ont toujours fait de ARCTURUS un groupe reconnaissables entre mille. ARCTURUS était bien de retour, 3 ans et demi après "The sham mirrors".
Restait l'énigme Vortex. Cette première écoute, si elle ne m'avais pas du tout rassurée sur la qualité de l'album - ce qui ne m'inquiétait pas vraiment, ma première écoute de "The sham mirrors" ne m'ayant dévoilé le potentiel que de "For to End Yet Again" - avait cependant levé la majorité des doutes que j'avais sur la capacité de Vortex a relevé le défi de Remplacer Kristoffer Rygg (Garm pour les intimes). J'ai trouvé que Vortex avait réussi sur cet album à s'adapter au style si particulier et exigeant de ARCTURUS, sans pour autant plagier son prédecesseur. Que ce soit dans les passageses en chant clair, passages qui représentent la majeure partie du chant de cet album où sur les rares parties de chant black comme sur "Hibernation sickness complete" qui ouvre l'album voire les trop rares parties où il donne vraiment dans le théâtral ("Shipwrecked frontier pioneer"), Vortex s'en sortait avec les honneurs même s'il n'atteignait pas la grandiloquence, voire la folie, la démesure prétentieuse qu'avait pu apporter Garm aux précédentes réalisations du groupe, surtout à "La masquerade infernale", sommet du groupe selon moi.
Les écoutes se sont ensuite enchaînées quotididiennement, écoutes où j'ai fébrilement guetté l'apparition de petits déclics pouvant me faire dire: "voilà un passage fabuleux tel que je les aime, voilà ce que j'attendais d'ARCTURUS.". J'attends encore. Ecoutes après écoutes, j'ai bien repéré nombres de bons passages tout au long des neuf morceaux de cet album, mais jamais l'un d'entre eux n'a révelé un potentiel supérieur ou juste simplement égal à ceux des galettes précedentes. Il y a bien le break des 3'20 du second titre qui permet de tester le style thèâtral de Vortex et qui pendant plus de 5 minutes essaye de faire monter la sauce, en vain. vers 5'10 la guitare tente bien de placer une montée en puissance mais l'effet escompté n'est selon moi pas atteint. Le début de "Reflections" laissait présager quelque chose de grand et puis... rien... le soufflet est retombé aussi vite qu'il était monté... Il en est de même pour "Hufsa" qui fait montre de quelque chose de très créatif, le morceau se veut lent, lourd et hypnotique, la guitare nous offre un solo qui semble interminable mais qui s'achève abruptement, mettant du même coup fin à l'album... me laissant sur ma faim. Aucune de mes écoutes de cet album ne s'est achevé sans un sentiment d'inachevé, d'avoir manqué quelque chose ou que quelque chose manquait. Frustration.
Je pourrais citer de nombreux autres exemples de passages qui ont à un moment ou à un autre de mes écoutes semblé intérêssants mais qui ont toujours fini par me décevoir. Pire, à d'autres moments ARCTURUS m'a donné l'impression de se plagier, de recycler des idées, comme certains "effets spatiaux (par exemple sur "Deamonpainter") déjà utilisés sur d'autres albums. Cet album me donnait l'impression d'un ARCTURUS qui, ayant decidé de passer la vitesse supérieure, avait voulu faire un album plus formaté et moins aventureux et créatif que les autres, un album qui ne rebuterait personne par des trop longues divagations, un album qui n'effraierait personne de par une folie non-maitrisée. C'est réussi. Bien sûr on peut s'extasier sur le travail énorme à la batterie de Hellhammer mais cela est bien moin d'être suffisant pour moi pour sauver cet album de l'étagère du haut, celle que le bras à du mal a atteindre et également celle de la lettre A, ça tombe bien...
Entendons nous cependant bien: cet album n'est pas mauvais. S'il était le premier album d'un ARCTURUS ayant été fondé l'an dernier, il aurait eu droit à un 18 ou quelque chose du genre mais en ayant mis d'un commun accord avec Uriel 19 au précédent album, je me vois mal mettre plus que 12 à celui-ci. ARCTURUS peut (pouvait ?) faire beaucoup mieux que ça. Cet album est définitivement celui des quatre qui passera le moins sur ma platine.




Rédigé par : Sheb | 12/20 | Nb de lectures : 16106