Au risque de passer pour un rustre, j'avoue ne pas m'être intéressé plus que ça au cas de Shamaatae et son projet solo Arckanum. Il faut dire que le clip de "Gava Fran Tulen" est un monument du kitsch qui m'a fortement marqué et qui ne m'a pas incité à me plonger plus avant dans le projet. Je sais, il paraît que j'ai fait une erreur. Hé bien, ce n'est pas plus mal que j'aie dû chroniquer ce quatrième album, puisque cela m'a forcé à passer outre les préjugés et à démasquer la discographie du Suédois. Quel beau métier nous faisons...

Et je me retrouve donc avec Antikosmos dans les pognes. La version 7" sortie en avril comportait deux titres, une reprise de Holy Moses et "Røkulfargnýr". Vous retrouverez les grognements de ce dernier titre parmi les huit morceaux de ce nouvel opus. Ces deux sorties sont parues chez Debemur Morti, Arckanum faisant des infidélités à son Carnal Records.

Niveau contenu, Arckanum pratique toujours un black blasté à l'ancienne, puisant ses références dans le black et le death old school. Les thèmes mélodiques sont souvent bien trouvés et vraiment prenants dans des compositions aux rythmes variés qui fleurent bon le siècle dernier. Hormis l'inutile (car trop long) interlude "Blóta Loka", Antikosmos s'avère être un album bourré de rebondissements et de riffs efficaces à l'emprise duquel il est difficile d'échapper. S'il ne frappe pas le cortex de prime abord, on se surprend à le remettre fréquemment dans la platine.

Fidèle à ses préceptes musicaux, la plus grosse progression du projet depuis ses premiers albums vient finalement de sa production. Après avoir enregistré son premier opus au mythique Abyss Studio, Shamaatae avait exploité un studio dans sa ville de Mora pour Kostogher et Kampen. Pris probablement d'une bouffée de nostalgie, il s'est cette fois enfermé au Sunlight Studio (souvenirs). Le mastering, comme pour son récent split avec Svartsyn, a été confié au sempiternel Necromorbus. Finalement, ce mélange d'ancien et de nouveau sied bien et résume aussi assez bien Arckanum.

Si Shamaatae continue à prôner son fatras de gnosticisme, de satanisme chaotique et de croyances nordiques scandé en ancien suédois, sa musique vaut toujours le détour. A condition d'oublier le personnage burlesque avec un masque ridicule en train d'errer dans une forêt. Mais à l'écoute d'un Antikosmos aussi bien réussi, on parvient très bien à l'oublier...




Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 12256