En parcourant le line up de l'album, on se demande bien pourquoi "Sympathetic Resonance" n'est pas tout simplement le nouvel opus de Fates Warning. John Arch au chant, Jim Matheos aux guitares et Joe Vera à la basse. Réponse simple mais logique: il manque Ray Alder. Et cette absence fait la différence, Alder ayant succédé à Arch depuis "Perfect Symmetry" en 1989.

On peut regretter cette situation en songeant à l'aspect purement musical de l'album qui se révèle être une véritable tuerie métal prog! On aura moins d'états d'âme en redécouvrant le chant suraigu et parfois insupportable de John Arch. C'est ce qui personnellement m'a un peu gêné au début et qui m'a contraint à en repousser à chaque fois la kro. (pardonne-moi boss...).

Et puis, lentement je m'y suis fait. Hormis certains passages «délicats», j'ai réussi à m'accoutumer à ce timbre haut perché qui déraille de temps en temps. Car, et c'est là le principal, le reste, c'est-à-dire la musique est tout bonnement monstrueuse. Précision, maestria, variations délirantes, plans impairs et breaks chiadés, riffs rapides et surpuissants, bref toute la panoplie inhérente au genre y passe.

Le titre d'ouverture "Neurotically Wired" (11min12) montre l'étendue du savoir-faire de Matheos: le chant (ici très acceptable) et une suite d'arpèges précède une déferlante de riffs propres à vous décoller du fauteuil où vous vous pensiez à l'abri.

Et tout ce qui va suivre cette entrée en matière époustouflante a de quoi vous donner le tournis. "Stained Glass Sky" (13min56) embraye sur le même tempo que "Neurotically Wired" et semble même le « pomper » sur quelques riffs. En tout cas ça déménage sérieusement tout en glissant de temps à autre vers des plages plus apaisées. À l'écoute de ce titre on ne peut s’empêcher de penser aux compères de Dream Theater.

Mais comparaison n'est pas raison car là où D.T s'évertue à nous imposer des duels claviers/guitares, ici point de présence de claviers. Pour compenser, Arch Matheos utilise le subtil doigté de Frank Aresti qui distille des soli à la fois techniques et tortueux ou des arpèges mélodieux bien amenés.

C'est peut-être l'abus de ces arpèges à répétition qui déroutera un chouïa l'auditeur. Car "On The Fence" (8min11) reprend le même schéma avant de planter ses riffs assassins dans nos oreilles comme des griffes dans la chair molle puis de lever le pied par séquences pour donner plus de place au chant... qui du coup devient plus pénible à entendre!

"Any Given Day" (10min27) nous rapproche une nouvelle fois de l'école D.T. Il s'avère toutefois assez original avec ses touches de guitare flamenco croisées de riffs extrêmement "pêchus" et la charge épique qui s'ensuit.

Les 2 pièces les plus courtes de l'album – "Midnight Serenade" (5min27) et "Incense And Myrrh" (5min22) évoluent dans un registre qui n'a presque rien à voir avec la tonalité générale. La première est – comme son titre le laisse deviner - une ballade «musclée» et la seconde qui clôt l'album est toute en suavité et douceur. Tout du moins à son ouverture. Bercée par une guitare sèche et dominée par le chant (ici énervant) de John Arch, elle me semble presque superfétatoire par rapport à ce qui a précédé. La suite et la fin sont assez traditionnelles de la ballade heavy que tout bon groupe de la famille souhaite posséder dans son répertoire.

Ceci dit, les 3 masterpiece de "Sympathetic Resonance" devraient suffire à votre bonheur d'amateur gourmand et exigeant de métal progressif de haute volée. La seule chose que l'on puisse souhaiter, c'est que Fates Warning et son mentor Matheos s'en inspire pour le prochain album. Un album qui se fait attendre puisque les Américains n'ont plus rien sorti depuis "FX" en 2004. Et ça commence à faire long...


Rédigé par : karadok | 15/20 | Nb de lectures : 12712