Même avant sa sortie, cet album a engendré beaucoup plus de réactions que ses prédécésseurs. Pourtant il n'est pas fondamentalement différent. Le statut de quasi-stars que la bande a Angela a acquis a inévitablement engendré quelques jalousies et quelques suspicions sur leur intégrité musicale. De plus, comme ça a été le cas avec Vader, Marduk ou Cannibal Corpse, on a pu les voir un bon nombre de fois en tournée (surtout aux festivals) et un certain degré de saturation a du être atteint. Bref, exactement le genre de considérations qui me passent par dessus la jambe et qui ne suscitent que des débats puérils et inutiles.
Que vaut ce nouvel album alors ? Il est avant tout dôté d'un emballage prestigieux. Une production titanesque est véritablement le point fort de ce disque. Chaque instrument, y compris les vocaux, sont mixés de façon optimale et on sent qu'un maximum de moyens a été injecté dans la conception de cette oeuvre. Ensuite le thrash/death de Arch Enemy a été sûrement étudié pour plaire au plus grand nombre, quitte à paraître plus heavy qu'à l'accoutumée. Les musiciens sont très bons et la qualité des soli mérite d'être citée en exemple. Les morceaux sont dans l'ensemble simples, percutants et dôtés de refrains largement mémorisables. Quelques nappes de claviers et des arrangements discrets viennent rehausser la densité des titres et Angela braille comme jamais, même si les effets sur sa voix sont parfois un peu trop nombreux. Le premier single "We will rise" se présente comme un nouvel hymne et le titre qui arrive juste derrière "Dead eyes see no future" a un refrain très efficace qui trotte dans la tête pendant un bon bout de temps. Le plus modéré "Instinct" ou le mid-tempo "Leader of the rats" sont également des bonnes pièces qui allient puissance, efficacité et marque de fabrique Archenemienne. On trouve également des intégrations de vocaux clairs sur "End of the line" et sur "Dehumanization". L'ensemble du disque est homogène et s'écoute d'une traite sans grandes difficultés. Même les deux instrumentaux ne dépareillent pas et s'intègrent tout naturellement.
Pourtant, ce disque n'accroche pas à long terme. Contrairement à ceux de l'époque Johan Liva, je trouve qu'il manque quelque chose dans la musique d'Arch Enemy. Peut-être du feeling ou de la spontanéité ? Immanquablement, écouter ce disque m'a apporté moins de frissons que mes séances de Burning Bridges, Black Earth ou du somptueux live au Japon. On a parfois l'impression que Angela braille dans le vide et si "Wages of sin" m'avait beaucoup plu, je ne peux que constater qu'elle hurle parfois en vain. Je veux bien croire que sa charmante présence au sein du groupe est un argument commercial évident mais là, je pense que les limites créatives du groupe sont saturées et qu'ils n'auront plus grand chose de neuf à nous présenter dans l'avenir.
Ce disque est vraiment très bon et soigné mais uniquement à court terme -moyen terme pour les moins difficiles d'entre vous-. J'ai un peu l'impression de me retrouver au MacDo en écoutant cette galette. Sur le coup, ça bourre bien et c'est pas toujours dégueu mais deux heures après, je me retrouve avec un creux dans l'estomac et j'ai l'impression de n'avoir rien bouffé. Pour preuve, ce n'était pas prévu que je kronike ce disque au départ et je l'ai laissé de côté pendant quelques semaines. Il m'a suffit de le réécouter une fois pour assimiler de nouveau immédiatement l'ensemble des titres et je n'ai ressenti aucune émotion, aucun frisson, aucune réaction. C'est agréable, ça pête bien, c'est joliment enrobé mais c'est creux, trop creux. Un peu comme un crâne de présentatrice du JT...


Rédigé par : Loufi | 13/20 | Nb de lectures : 9816