Si ces dernières années ont vu se concrétiser une tendance à des formations mono-instrumentiste, qui n’ont de groupe que le nom et dont certains se distinguent de sinistre mémoire, il faut bien préciser que ce n’est pas toujours un choix délibéré que de faire combo tout seul dans son coin. Ainsi, c’est plutôt une carence de petits camarades musiciens qui condamne ARCHITECT OF SETH à évoluer sous la forme d’un duo conjuguant la passion de Paul Rousseaux et Mathieu Legrand, deux vieux potes amoureux de la six cordes. Mais ce qui fait peut-être encore plus la singularité des « ARCHITECT » c’est ce désir brûlant de prodiguer leurs riffs sur scène malgré leur maigre effectif. Ce qui a, tout naturellement, contribué à leur assurer une petite renommée du côté de leur Normandie.

Là, où ça se complique encore c’est que ARCHITECT OF SETH ne fait pas dans la facilité et que nos deux compères conjuguent la maestria qu’ils ont de leurs instruments pour pratiquer un death technique indiscutablement inspiré de leurs groupes de chevet ; dans le désordre DEATH, CYNIC, THEORY IN PRACTICE, NECROPHAGIST et autres joyeusetés qui seraient plus facilement jouées par des poulpes que par de vulgaires bipèdes.

Si le CD qu'ils m’ont fait parvenir présente leurs deux premières démos, c’est principalement sur la seconde que je m’attarderai le temps de cet article. En effet, les progrés réalisés sur Pax-Labor sont suffisamment spectaculaires pour qu’on le signale. A commencer par une production « fait maison » nettement meilleure que celle d’« Eldorado » qui souffrait véritablement d’un son très moyen mais surtout de l’absence d’un quelconque mixage. L’autre évolution déterminante sur cette seconde démo réside dans la qualité de composition qui se retrouve ici en nette expansion. Les plans hypertrophiés de complexité qui alourdissaient certains passages, de même que le chant guttural qui peinait à trouver sa place sur la musique ne sont plus du lot. Ce qu’ARCHITECT OF SETH a peut-être perdu dans son ancienne spontanéité frisant parfois la démence, il l’a gagné en cohésion et en finesse. En d’autres mots, leur death metal technique propulsé par le dictat d’une paire de guitares véritablement inspirées n’a jamais été meilleur.

On y retrouve tout ce qui fait le bonheur du genre, entre solos rondement ficelés, plans de guitares à froufrou, changement de thèmes, de rythmes à répétition, quelques mesures de guitares acoustiques, une once de synthé pour souligner certains passages. Bref, toute une série d’ingrédients qui leur confère ce petit côté progressif pas dégueulasse du tout.

La programmation de la BAR est suffisamment réussie pour que l’absence d’un véritable batteur ne se fasse pas ressentir. Et, au passage, si d’aventure ils en dénichaient un du côté de Caen, je lui prédis déjà quelques vilaines douleurs musculaires. Alors y’a pas à dire, ARCHITECT OF SETH ça joue et même sacrément bien. On les entendra d’ailleurs très prochainement dans un album hommage au thrash des années 80 pour une reprise du « Masked Jackal » de CORONER (oui, en plus ils ont bon goût ces Normands).
Mais hélas, ce début d’année 2009 fournira un triste épilogue à cette chronique puisque le duo est désormais devenu projet solo depuis que Mathieu Legrand a décidé de mettre sa gratte au râtelier. Gageons que Paul, l’unique membre rescapé d’A.O.S. gardera la foi et trouvera rapidement des musiciens suffisamment motivés pour permettre à la carrière du groupe de réellement décoller. En tout cas, c’est tout le mal que je lui souhaite.


Rédigé par : Tonton | 3/5 | Nb de lectures : 10808