Le Thatcherisme a indéniablement eu du bon sur la jeunesse d'outre-Manche. C'est pas faute d'avoir eu des porte-paroles de par chez nous pour faire entendre leurs "Laisse pas traîner ton fils si tu veux pas qu'il glisse" hein, mais là-bas ça a pris, et pouvoir faire travailler les mioches dès dix ans, ça inculque de solides bases pour l'avenir. Regarde les mécheux d'Architects, vingt piges, trois albums, un split, un EP chez Century Media, et des tournées un peu partout, tu crois qu'ils étaient du genre à tuer leurs après-midi en sniffant de la colle et en cherchant la bagarre sur les forums ? Leur précédente livraison, "Ruin", démontrait déjà d'un sérieux potentiel et d'une maturité enviable pour du metalcore, malgré une folie encore trop bridée et des vocalises fadasses assez usantes sur la longueur. Mais bon, je vais pas vous refaire le topo non plus, la chronique se trouve à quelques pixels sur votre droite. Considérez en tout cas que les Anglais ont largement rectifié le tir avec "Hollow Crown", et de bien belle manière.

Tout d'abord, techniquement. Les gaziers n'ont rien perdu de leur niveau ébourrifant pour leur âge, sauf qu'ils ne cherchent plus à en faire étalage inutilement via d'indigestes floppées de notes. Exit la plupart des riffs à rallonge, les plans sont toujours aussi tarabiscotés, rapprochant l'Architects nouveau d'un Ion Dissonance à mèches (toutes proportions gardées). Car la nouveauté, c'est l'entrée en piste de plans considérablement alourdis (merci l'accordage en Drop G#) offrant une approche plus rythmique mais pas moins complexe. Ceci, conjugué à un son de gratte de PORC, permet à "Hollow Crown" d'être bien plus nerveux que son prédécesseur, comme en témoignera le monstrueux titre d'ouverture "Early Grave". Une bien vilaine déflagration.

Ensuite, la voix, moins grave et variée qu'avant, mais carrément plus arrachée et expressive, apporte le supplément d'urgence qui manquait tant au groupe. Il est d'ailleurs intéressant de faire le parallèle avec leurs buddies de Bring Me The Horizon, qui vocalement comme musicalement ont eu la présence d'esprit de zieuter sur les devoirs d'Architects lors de la composition de "Suicide Season". Mais bon, je vais pas vous refaire le topo non plus, la chronique se trouve à quelques pixels sur votre droite (bis). Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pas encore. Toujours ces mélodies sirupeuses, toujours ces plans en voix claires limite embarrassants, et en supplément une sérénade qui ne manquera pas de faire chialer les gamines qui font des coeurs avec leurs pouces et index en concert. Fâcheux ? Pas tant que ça, parce que ces éléments ne seraient rédhibitoires que si le reste n'était pas aussi convaincant. Et faire passer de telles pilules, c'est pas donné à n'importe qui.

Car Architects est indéniablement un groupe de jeunôts sérieux, impliqués et appliqués, avec ce qu'il faut de talent nécessaire pour aller renvoyer la concurrence masquer leur pauvreté de composition sous de l'esbrouffe technique. Concluons. On connaît votre amour immodéré pour le metalcore metrosexué. On est conscients qu'il est nécessaire de limiter drastiquement les emplettes dans ce genre histoire de faire définitivement lâcher l'affaire aux innombrables groupes de merde qui prolifèrent comme de la mauvaise herbe. Alors retenez qu'à l'instar du Bleeding Through (à maquillage) l'année dernière, vous pouvez assez sereinement miser vos billes sur Architects en 2009. La concurrence aura les épaules bien trop frêles pour venir réclamer la couronne.


Rédigé par : Crown_Me | 15,5/20 | Nb de lectures : 12185