HEAVY FUCKIN' MUSIC FOR PISSED OFF PEOPLE


Ma chronique pourrait s'arrêter à ce succint descriptif dû au beugleur en chef d'Architect, tellement tout verbiage supplémentaire paraîtrait superflu. Mais le serveur de Youporn est surchargé, heure de pointe oblige, alors autant employer ce temps pour me servir de mes dix doigts de manière plus constructive.

Donc si le nom de ces bestiaux ne vous est pas encore familier, sachez qu'ils proviennent de chez Black Market Activities, accessoirement l'un des labels ricains les plus valables. Et les natifs de Syracuse sont remontés contre tout le monde. Mais vraiment hein, pire que le puceau qui se fait avaler sa carte bleue juste avant d'aller faire du lèche-vitrines à Amsterdam... Architect, ça te soulève d'une main par le col et ça t'arrose la face de postillons, et pas la peine d'escompter retrouver le plancher des vaches avant 40 minutes. Avec deux batteurs, faut pas s'étonner de la puissance dégagée par le combo...

C'est que les gaillards ont la fâcheuse tendance à mélanger le café et les compléments alimentaires. Si tu cherchais du bien lourd, du qui colle au bide, tu vas être servi. Architect célèbre le hardcore-metal bordélique d'une des manières les plus rugueuses qui soit, sorte de croisement entre Coalesce et Botch version sacrément plombée. Ca évoquera également The Blinding Light, le fantastique combo qui s'amusait à aller chat-biter Slayer et Crowbar nonchalamment, s'ils avaient troqué leur Tom Araya de l'Apocalypse contre un ours qui viendrait de gober le hurleur de Trap Them, et qui ne porterait pas vraiment la politique américaine et les médias de masse dans son coeur.

Résultat? Bordel général. Quand on s'appelle Architect, ça la fout mal. De The Blinding Light, le groupe a repris à son compte les breaks déversés à la pelleteuse et les mosh-parts carnassières de douze tonnes. Et des patrons du chaos sonore, leur frénésie et leur manière particulière d'aborder le riffing. Ca dissone, ça bastonne, et ça fait gonfler le poitrail. Dix grosses injections de testostérone qui feraient pousser de la moquette sur le torse de Vincent Mac Doom, rien de moins. D'aucuns diraient que les riffs tournent rapidement en rond et qu'à force de ne pas décoller, les tempos s'enlisent et sombrent dans le pataud, mais qu'ils sachent que la hargne, réelle, palpable, est toujours là pour reprendre le dessus.

Le seul problème, c'est qu'à être remonté envers et contre tous, on oublie de se soucier des détails. Comme de ne pas livrer une quasi copie-carbone de son précédent album. En effet, hormis les infimes mélopées post-isantes et peut-être des compos plus fluides, "Ghost Of The Saltwater Machines" n'apporte aucune nuance par rapport à son grand frère. Et, effet de suprise en plus mais pas que, "All Is Not Lost" disposait d'une foutue puissance de feu qui transformait ta Twingo en Hummer quand tu le glissais dans l'autoradio. Mais ne boudons pas notre plaisir, parce qu'on arpente quand même les sorties d'écoles au Land Rover option pare-buffle compteur bloqué à 90. Et même si à l'échelle de la Musique, les gaziers d'Architect n'ont pas vraiment grand-chose à apporter, la conviction et les tripes qu'ils déversent ici méritent bien plus qu'un distrait épanchement.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 11055