Ecrire la chronique de ce "Aeon of the Angelslaying Darkness" revient à écrire l’histoire des Finlandais. Car Debemur a eu la bonne idée, l’année dernière, de fouiller dans les tiroirs d’Archgoat pour en tirer des enregistrements oubliés depuis des lustres. Cette nouvelle sortie a deux rôles. Le premier, ressortir les démos, minis et morceaux oubliés ou jamais sortis du trio infernal. Le deuxième, prouver que Archgoat n’est pas qu’un groupe de studio, mais que leur musique prend tout son sens lors des messes noires (ou concerts, comme l’appellent le commun des mortels).

L’avantage de ce groupe, malgré le fait qu’il ait été créé en 1989 et qu’il ait fait une longue pause entre 1993 et 2004, tient au fait que sa musique soit restée la même quelles que soient les sorties ou les modes. Ajoutez à ça que tous les titres ont été remastérisés (au studio Stage One), et on tient un premier disque constant dans le son. Même si la production ferait vomir n’importe quel ayatollah de musique propre, il n’y a pas de grosse différence de son entre les 22 morceaux qui remplissent la première galette. Et rien que pour ça merci Debemur Morti et Archgoat, quand on sait à quel point les enregistrements des groupes de Black Metal des années 90 peuvent être crasseux voire inaudibles.

Parlons un peu musique maintenant. Ceux qui connaissent déjà Archgoat savent à quoi s’en tenir. Ils savent donc que Archgoat, c’est la frange la plus sombre, la plus malsaine du black metal. Avec une basse massive et ultra grave, une guitare sous-accordée et tranchante, une batterie qui sonne comme une tempête infernale, et un chant guttural et bestial, la musique des Finlandais n’est pas le moins du monde subtile. Peu de mélodies, uniquement le déchaînement des enfers au travers du trio. C’est violent, parfois lourd, toujours malsain et ultra-sombre. Old-school jusqu’au bout des griffes, leur black metal est tout ce qu’il y a de plus rétrograde. Pas la peine de chercher des claviers ou des voix claires, pas la peine non plus de chercher de guitares sèches ou d’arpèges calmes. Uniquement la haine et la colère satanique du trio. Les morceaux sont d’ailleurs tous rentre-dedans, rarement plus de 4 minutes de folies dévastatrices. Durant les 40 morceaux qui composent les 2 disques, on a droit à la même recette ultra efficace, ultra crasseuse, ultra malsaine et ultra « dans ta face ».

"The Aeon…" est donc une compilation rassemblant à la fois de vieux enregistrements du groupe, et des live. Au menu donc, la première démo du groupe, "Jesus Spawn", sortie en 1991, qui posaient les bases jamais ébranlées du groupe. On a également droit à l’EP "Angelslaying Black Fucking Metal", enregistré en 1993 et sorti en 2005, ainsi qu’à 3 morceaux jamais parus auparavant. Ajoutez à ça l’EP "Angelcunt" (1993), et on a tous les morceaux sortis avant la mise en sommeil de la Bête. Et histoire de faire un rappel des sorties récentes, 2 morceaux de "Whore of Bethlehem" et 1 morceau du dernier album, "The Light-Devouring Darkness" (déjà chroniqué sur VS), sont également présents sur le premier disque.

Quant au second disque, il s’agit de trois live, le premier enregistré à Cracovie en 2005, le second à Houston en 2009 et le dernier à Helsinki en 2007 (avec en guest sur le dernier album le chanteur de Morbosidad). Et le groupe a réussi le tour de force de faire en sorte qu’il n’y ait aucune redite dans les live au niveau des morceaux. Sur le premier live, on retrouve que des morceaux de 1993 et d’avant (dont "Angelcunt" en entier), alors que le live à Houston est composé de morceaux du dernier album, et que le live à Helsinki de morceaux de "Whore of Bethlehem". Aucun répit n’est laissé au public pendant les live, le groupe enchaînant les morceaux les uns après les autres, prenant à peine le temps d’annoncer les noms des titres. Sur ce disque, contrairement au précédent, le son varie logiquement selon les lives, mais même quand le son est mauvais (celui de Helsinki sature par tous les pores), la musique primitive d’Archgoat n’en souffre pas le moins du monde.

Que retenir au final de cette sortie ? Qu’Archgoat est éternel, tout simplement. Quelle que soient les époques, les modes, l’actualité, le trio vénèrera le malin et proposera des hymnes primitifs, malsains et ignobles, que seule une minorité pourra apprécier. Et cette minorité, si elle ne connaît pas encore ce groupe, ou si elle ne possède pas encore ce "Aeon of Angelslaying Darkness", se doit d’aller sur la boutique en ligne de Debemur Morti pour commander une des trois versions de cette box. D’ailleurs, l’achat vaut largement le coup, tant les box sont classes et quali. Au programme un livret épais remplis d’interviews du groupe (certaines sont en finnois, idéal pour réviser), de photos live ou non, de flyers de concerts… Que ce soit en CD, CD+vinyl ou vinyls uniquement, les box sont de vraies réussites. Un vrai témoignage visuel de la carrière du groupe. De plus, la pochette, signée Maître Chris Moyen est de toute ignominie.

Buy or Die ! Hail Archgoat !


CD 1 (vinyl 1) : Enregistrements studio
1 - The Dawn Of The Black Moon 25:08
Jesus Spawn Demo 1991
Unreleased Hymns 1993 (contient l’EP Angelslaying Black Fucking Metal et des morceaux jamais sortis lors de la première phase d’activité du groupe)
2 - The Hymns Of The Black Moon 25:08
Angelcunt (Tales of Desecration) 1993
Whore of Bethlehem (2 morceaux) 2006
The Light-Devouring Darkness (1 morceau) 2009

CD 2 (vinyl 2) : Lives
3 - The Tour Of The Black Moon 24:21
Live in Krakow 27.10.2005
4 - The Light-Devouring Black Moon 24:52
The Light-Devouring Black Crusade, Houston 16.7.2009
Black/Death Ritual, Helsinki 18.11.2007


Rédigé par : Skay | réédition 666 fois indispensable/ | Nb de lectures : 13425