Après un premier album "Les Ombres de 4 Murs" ancré dans le death/dark metal, AQUILON avait démontré avec "Intramedia", son intention de se tourner vers une musique plus mélodique, moins lourde, délaissant progressivement son côté death, lorgnant désormais plus du côté du métal pur et dur. Après un changement de line-up qui a vu le remplacement des deux guitaristes, "Immobile" enfonce le clou et tourne définitivement le dos aux aspirations extrêmes d'AQUILON. Aujourd'hui, le groupe montilien propose un rock au son massif typiquement métal porté par des refrains presque pop de par leurs mélodies efficaces qui font mouche dès leur première écoute, tout en conservant un apparât très sombre presque goth sur certains aspects. Les growls d'Alex sont utilisés de manière sporadique, uniquement pour appuyer des refrains comme sur "L'Oeil", ce dernier jouant la carte du chant clair la plupart du temps avec réussite, d'autant plus que ce type de chant colle dorénavant parfaitement à l'univers musical d'AQUILON. Autre changement notable, Anne prend une place beaucoup plus importante au sein du groupe. Tout d'abord avec son chant que l'on retrouve sur la quasi totalité des titres et qui fait merveille avec la voix d'Alex. Ensuite de par l'utilisation importante de nappes de claviers, samples et autres boucles électro qui s'insèrent parfaitement dans les titres, donnant à "Immobile" une couleur spéciale, très glaciale. Musicalement parlant, AQUILON joue la carte de la sobriété, avec des riffs de guitare assez simples, au feeling neo sans en avoir l'indélicate saveur, faisant penser à plusieurs reprises à FEAR FACTORY, une section rythmique qui groove sévère sans chercher à en mettre partout. On pense également à MALMONDE ou WÜRM mais AQUILON propose un univers personnel qui lui colle à la peau et ce n'en est que mieux. On sent que les musiciens se sont réellement concentrés sur le rendu intégral des titres lors de la composition sans vraiment vouloir flatter l'égo de chacun. Tout juste trouvera-t-on des réminiscences progressives ici et là comme sur "Affliction" qui passent comme une lettre à la poste et n'entraînent pas l'auditeur dans l'ennui profond de par leur durée limitée. Et les 11 titres ne s'en retrouvent que plus puissants, à l'image de l'enchaînement ébouriffant "L'Amant", "Emancipe mon rêve", "A Demi-Mot" et "Perdu". Côté textes, c'est un gros plaisir de voir qu'un groupe français ose chanter dans la langue de Molière sans tomber dans le cliché variétoche ou la littérature de comptoir. Eh oui, une preuve de plus qu'il est possible de pondre une musique efficace avec un chant français sans que ce dernier ne vienne gâcher le tout.
"Immobile" laisse donc une bien belle impression et un résultat bien plus abouti que celui entamé sur "Intramedia". Certainement pas l'opus français de l'année mais un album présentant de bien belles fondations augurant du meilleur pour AQUILON qui a intelligemment su changer de style, avec une totale réussite qu'on lui souhaite pour la prochaine réalisation. Un groupe à surveiller...


Rédigé par : Foofur | 14,5/20 | Nb de lectures : 10838