Quoi que vous en disiez, quoi que vous en pensiez, Aqme était quand même le groupe le moins putassier de la (défunte?) Team Nowhere. Ca va en faire marrer derrière, mais j'ai toujours trouvé qu'ils avaient toujours eu une certaine intégrité par rapport à la plupart des combos de l'époque Frenchcore, dans le sens où ils ont réussi à s'imposer en faisant ce qu'ils aimaient, sans avoir cherché à modifier leur style pour augmenter leur part de marché comme leurs ex-collègues. Okay, niveau intégrité c'est pas Gehenna mais quand même. C'est d'ailleurs pas pour rien que ce sont les seuls qui ont réussi à sortir du lot de ces groupes morts ou mourants (ou à abattre, il y en a qui bougent encore...), et qui ont su se constituer une solide fan-base au fil des années. J'avais à l'époque bien accroché aux deux premiers albums, "Sombres efforts" et "Polaroïds et Pornographie", puis, m'enfuyant vers d'autres horizons, je n'avais daigné me pencher sur leur troisième effort. Encore un live et un DVD plus tard, voici le présent "Hérésie". Avant de poursuivre plus loin, figurez-vous un groupe de rock plutôt qu'un groupe de métal, c'est ce dont ils se sont toujours revendiqués, et ça évitera éventuellement des éruptions de true kikoololisme dans les commentaires.

Musicalement, les Aqme continuent dans leur lancée stonerisante... D'ailleurs petit apparté : eux mis de côté, leurs accointances avec le gros rock du désert ne datant pas d'hier, il est marrant de voir comment une grosse partie de groupes issus des cendres de la Team Nowhere se revendiquent d'un coup d'influences "southern rock" et cie. Bah ouais, c'est la tendance chez les groupes ricains depuis deux ou trois ans, alors ça débarque ici maintenant... On citera Die On Monday avec le présent guitariste d'Aqme et un Enhancer au chant, Bukowski avec un ex-Wunjo, ou encore Hewitt avec le batteur de Pleymo. Reste à savoir ce que ça vaudra réellement, ces groupes étant encore au stade des démos, histoire de voir s'ils se forcent à préférer le mauvais bourbon à la Despé ou pas...

Mais bon, je disgresse, je disgresse, revenons à nos moutons. Car en attendant, ce "Hérésie" me semble bien être l'album le plus rentre-dedans de leur carrière. En témoignera des titres comme "Casser/Détruire" ou "312". Ce serait dommage que beaucoup évitent d'y jeter une oreille sur des a priori, car Aqme joue un rock/métal aux guitares vraiment lourdes et crades. D'ailleurs, le travail de Daniel Bergstrand à la production est à saluer encore une fois, responsable d'un son épais de chez épais et sale comme une moustache de... non, pas de blagues sur les gitans, ils sont plutôt susceptibles du côté de chez moi... Roh et puis m'en tape ils ont pas le wifi dans la caravane... Bref, tellement épais que l'on en a parfois du mal à distinguer la grosse caisse, dommage pour les passages à la double comme sur le final de "Casser/Détruire" qui aurait pu être encore plus douloureux. Les riffs sont, à défaut d'être révolutionnaires, costauds et efficaces, d'une lourdeur bienvenue (le final de "A.M un jour de pluie", miam miam). 'Manque quand même un poil de variété, quelques accalmies sonores supplémentaires n'auraient pas été du luxe, surtout que les rares mélodies qui parsèment la galette, comme celle du premier single "Karma et nicotine", sont pas mal foutues.

Les critiques doivent se suivre et se ressembler pour Aqme. Je l'avoue, ça m'emmerde un peu de casser du sucre sur son dos, parce que je l'explique pas, je le connais pas, on n'a pas croisé le fer en partouze, mais ce mec m'est sympathique. Mais ce chant et ces textes, foutredieu! C'en est souvent vraiment frustrant... Au niveau vocal, même si Thomas s'est bien amélioré, la platitude pointe souvent son nez... Etienne Daho plays stoner rock? Le contraste entre la voix et la musique est en effet parfois criant, même si c'est plus ou moins leur ligne de conduite. Reste que certaines lignes de chant ont autant de relief que l'encéphalogramme de Frank Ribéry, et niveau expressivité, c'est quand même laborieux.

Et ces textes bordel! J'ose même pas vous les citer tellement la plupart sont confondants d'une naïveté clichesque et comme ils sonnent maladroitement. Je crois que le jour où j'écrirai mon futur best-seller qui sera plus vendu que la Bible, le Petit Livre Rouge et Miette de Loana réunis : "Essai sur la platitude des sonorités de la langue française dans la musique rock", ils seront dans les premiers chapitres. A mon souvenir ça passait mieux sur les précédents albums. Ou alors c'est parce que j'ai maintenant 15 ans ? Ce côté "ado dépressif fan d'Indochine" à trente piges (la comparaison doit pas les emmerder, ils ont déja collaboré ensemble...) est vraiment regrettable, parce que la démarche m'a l'air sincère, on sent la bonne volonté mais désolé, je peux pas; pas pour moi. Une casserole qu'ils risquent de traîner pendant encore longtemps. Constat vocal heureusement atténué par les parties gueulées qui sont bien mieux foutues et beaucoup plus présentes qu'à l'accoutumée. Par contre, détail bizarre, textes et voix passent beaucoup mieux sur son projet parallèle acoustique Vicky Vale... 'M'attendais pas à ça.

Donc, donc, donc... Un quatrième album assez homogène, un poil plus violent que ce à quoi ils nous avaient habitués. Comme à leur habitude, il n'y a vraiment que sur le point du chant clair et des paroles qu'ils sont attaquables, pas grand-chose à redire sur le reste, carré et très costaud. Préparez-vous à de la conclusion qui tache, parce que si vous aimiez Aqme avant, cet album vous plaira, et si vous pouviez pas les piffrer... vous pourrez toujours pas! Et vlan...


Rédigé par : Crown_me | 13.5/20 | Nb de lectures : 13372