Septième album pour nos Finlandais à l'archet frétillant. Un septième disque pompeusement intitulé « 7th symphony » qui renvoie immanquablement à la Septième de Ludwig (il y en a d'autres mais...) en guise de clin d'œil et force néanmoins à s'interroger : le groupe ne pousserait-il pas la plaisanterie un peu loin?
Tournées mondiales, festivals internationaux, tout le gratin du Metal qui se presse pour y aller de son featuring à chaque nouvel album ; APOCALYPTICA est devenu à la fois une référence incontournable et un gage de respectabilité pour le label SMEX (Scène de Musiques EXtrêmes, sur décret du Ministre de la culture n°2010-666 du 06 octobre dernier). Jusqu'à la consécration grâce à notre Brian Joubert national lors du championnat du monde de patinage. La "success-story" quoi.

Le travail de APOCALYPTICA avait quelque chose de sincèrement sympathique à ses origines. Une entreprise de relecture qu'il est inutile de présenter, jouissant alors d'une certaine fraîcheur. Entre stupeur et condescendance, les amateurs de metal découvraient qu'on pouvait utiliser autre chose que des guitares pour jouer du heavy. La formule est développée, affinée, le quatuor devenu trio s'adjoint les services d'un batteur et les covers deviennent compositions, souvent rehaussées par des guest-vocals plus ou moins prestigieux. Près de quinze ans après son avènement, le phénomène commence malheureusement à s'auto-parodier, en dépit de troublants moments de grâce.

Soyons joueurs. Faites écouter cet album en blind-test à l'apéro, rares seront les personnes à percevoir autre chose qu'une série de gros riffs aussi gras que conventionnels. Par un étrange truchement, le trio qui voulut amener la musique metal vers des sonorités plus classiques voit sa démarche complètement dévoyée, c'est leur propre song-writing qui est progressivement assimilé par les codes du genre. C'était une chose que de prouver qu'on pouvait exécuter des riffs heavy sur un instrument à cordes frottées, mais l'expérience a conduit nos violoncellistes à gommer – presque – tout ce qui faisait la singularité de leurs instruments.
D'un autre côté, on pourrait arguer qu'un bon musicien est celui qui explore la totalité du potentiel de son outil, quitte à l'amener dans des directions peu naturelles. Finalement, la recherche formelle ne débouche sur rien de véritablement excitant en dehors de quelques expérimentations sonores et une poignée de larsens. Et quand ils décident de s'aventurer sur un pur morceau pour violoncelle, c'est sur un titre aussi navrant et mièvre que « Beautiful ». Perdants sur les deux tableaux?

Sans surprise, les titres instrumentaux sont globalement les meilleurs de l'album ; de l'introduction ambitieuse « At the gates of Manala » et sa partie finale en blast assez jouissive, au « 2010 » porté par la dynamique de Dave Lombardo. Mais c'est surtout « Bring them to light » - et la superbe prestation de Joe Duplantier - qui sauve l'album du naufrage à lui tout seul. Le reste oscille entre le charmant et le pénible, plus particulièrement sur les titres accueillant les vocalistes de BUSH, FLYLEAF et SHINEDOWN. Encore que les amateurs de tubes radio-friendly puissent y trouver leur compte. Mais quel supplice pour les autres...

L'album ne génère pourtant pas de sentiment de rejet, peut-être grâce à ce capital de sympathie que le groupe n'a pas encore épuisé. Par contre, on ne pourrait que leur conseiller de revenir à quelque chose de plus authentique, de moins boursoufflé afin de ne pas sombrer définitivement. Et puisque c'est leur potentiel live qui les a rendus célèbres, pourquoi ne pas prendre exemple - toute comparaison gardée - sur la joyeuse énergie des PASTORS OF MUPPETS qui rendent hommage au genre sans nourrir d'excessives prétentions.


Rédigé par : #Guillaume# | 12/20 | Nb de lectures : 13561