A peine un an et demi après "Ashes of Angels", déjà sorti sur le label polonais Agonia Records, et après deux split avec Malhkebre et VI, voici le Aosoth cuvée 2011. Ce projet, je le rappelle pour les retardataires, qui réunit à l'origine MkM (Antaeus) et BST (VI, Genital Grinders…), rejoints récemment par INRVI (VI), est sorti de terre pendant la pause d’Antaeus. Pause toujours plus ou moins d’actualité, malgré la présence du combo francilien au festival allemand Desthkult début juin. Mais revenons à nos agneaux de sacrifice. Ce nouvel album d’Aosoth est le troisième album du duo, sobrement intitulé "III". D’ailleurs, aucun titre n’a d’autre nom que sa position sur le disque. Comme si leur tâche était d’apporter simplement sa pierre à l’édifice de l’album sans se démarquer des autres par un nom plus accrocheur. Les morceaux sont donc les chapitres indiscutables et indissociables de l’album. Et c’est d’ailleurs comme tel qu’il faut aborder cet album. Comme un infernal monolithe remonté des abysses et destiné à imposer Sa parole et Son venin sur l’Homme.

En effet, contrairement aux précédents albums, où il était relativement facile de piocher des titres pour en faire des hymnes, sur "III", chaque morceau est dépendant des autres, et ne peut se concevoir sans son précédent ni son suivant. Il en résulte une impression de bloc, comme je l’ai dit, mais surtout, j’ai eu l’impression que le disque était plus court que le précédent, alors qu’il est un peu plus long. "III" est l’archétype de l’album à écouter dans sa totalité et dans l’ordre (ce qui est censé être le cas pour 99% des disques, à mon sens).

Infernal, ce nouvel album l’est indubitablement. Déjà que les deux précédents albums n’étaient pas une apologie de la lumière, ce troisième essai est un avant-goût de ce qui nous attend En Bas. Le chant de MkM n’a jamais été autant possédé et incantatoire. Il délivre une de ses plus sombres performances vocales, et pourtant, le personnage a de l’expérience dans le genre. BST quant à lui malmène sa guitare à n’en plus pouvoir. Les riffs sont tantôts dissonants, tantôt plus classique, mais toujours avec une complexité malsaine et avec un souci de faire ressentir le Mâlin dans chaque note. Le tourbillon de notes du deuxième titre happe l’auditeur pour le plus le lâcher et l’entraîner au plus bas, tandis que les riffs hypnotiques et dissonants du troisième commencent leur travail de sape sur son mental. Travail qui sera achevé seulement à la fin de l’album. Hypnotique comme je l’ai dit, les morceaux agissent comme un aimant, et il est difficile de couper l’écoute avant la note finale.

La production, très raw et en même temps très dense, met en avant les guitares et le chant. Résultat, la batterie forme un magma poisseux en arrière-plan, qui tels des sables mouvants, capture l’oreille pour que les guitares puissent malmener l’auditeur en toute tranquillité. Si ce nouvel album fait la part belle aux passages plus lents et insidieux, où le Mal rampe pour mettre mal à l’aise, certains passages de furie sont conservés, véritables séances de hachage de tympans.

Œuvre impie, ce troisième album de Aosoth est pour moi leur meilleur. Parce qu’ils sont sortis du classicisme des deux précédents. Parce qu’ils ont clairement mis la distance entre Antaeus et Aosoth, distance qui n’était pas aussi claire et marquée auparavant. Parce que je n’ai pas entendu d’album aussi noir depuis un certain temps. Alors, faites comme moi, éteignez les lumières, mettez le casque et poussez le volume. Et laissez-vous envahir par les ténèbres.


Rédigé par : Skay | 616/20 | Nb de lectures : 15217