Dans certaines soirées mal famées, se trouver à la croisée des vents peut être synonyme d'une longue agonie sur un canapé douteux, pris dans la tourmente d'effluves intestinaux qui piquent les narines. Mais pour cette fois, il s'agit plutôt de vieux françois non fermenté (bonjour à tous les François, au passage). Aorlhac a été formé en 2007 par deux membres d'Astaroth. Le line-up actuel est complété par le batteur de Towersound (au poste de chanteur).

Aorlhac est plus précisément l'ancien nom de la ville d'Aurillac. Ville qu'un Parisien moyen situe aussi bien qu'un Américain moyen situe l'Autriche. Pour vous aider, elle se trouve en gros dans le triangle formé par Clermont-Ferrand, Rodez et Brive la Gaillarde. Et de gaillards, il en est question avec un trio auvergnat qui revendique fièrement ses origines et en habille sa musique. Boudiou! Tout ça est très occitan!

Les six titres de ce premier album sont bourrés de mélodies portées par des rythmiques énergiques. Le groupe n'en oublie pas les passages plus posés, dans une formule qui peut évoquer les récents travaux de Taake, avec des alternances de furies et de groove. On peut aussi penser à Raate lors des (trop) rares inserts d'éléments plus médiévaux. Le groupe revendique également des influences d'Ulver. Hautement dynamique, A la Croisée des Vents est un opus qui suinte la tradition, le black à l'ancienne, et c'est justement l'objectif totalement assumé. Aorlhac n'en réserve pas moins quelques surprises, comme l'intro über-heavy du "Charroi de Nîmes" (bien fun, d'ailleurs).

Côté présentation, le combo a opté pour un enregistrement brut de fonderie. Les guitares sont acérées et restent en retrait d'une batterie qui sonne comme au bon vieux temps. Cela implique également l'absence de recalage, ce qui est perceptible sur la mise en place de certains breaks notamment. Adepte des productions pleines de vie de ce type, la réalisation m'a bien comblé, hormis le chant clair forcé et pas très juste du "Charroi de Nîmes". Mais pour le reste, let's rock!

Pour être complet, signalons qu'A la Croisée des Vents constitue la première pierre d'une trilogie annoncée chez Eisiger Mond. Une version tape de l'album sera éditée par le label canadien Pestilence Productions. Intitulée La Chronique des Vents, elle comportera un morceau inédit et une reprise d'Ulver "Hymn I – Wolf and Fear".

Louant sa région et son histoire, Aorlhac propose un premier album rafraîchissant et tonique. La France porte suffisamment de cicatrices pour que nos projets hexagonaux n'aillent pas s'encombrer de breloques vikings. Et rien que pour ça, ce groupe mérite un bon soutien. Encore une sortie Eisiger Mond qui déchire.


Rédigé par : Prince de Lu | 16/20 | Nb de lectures : 11967