ANUS MUNDI - Les Heures Pâles (Tenebrd) - 24/11/2014 @ 07h37
Premier album pour les parisiens d’Anus Mundi et première surprise : l’intro du premier titre ("Morgen Morose"), tout d’accordéon et de voix torturée, renvoie de suite – de prime abord – à Peste Noire, ce qui n’est pas pour me déplaire (comme sur le titre "Camisole sur Seine"). La mélodie est très agréable, remplie d’une saleté que ne renierait pas KPN justement ou encore qui rappellent les vieux Pensées Nocturnes et qui introduit parfaitement dans l’univers du groupe. Intro originale et pleinement réussie pour ma part.

Le gros de l’album arrive dès le second titre – plus de 14’ – "Mille dents noires". Son intro débute sur des bases identiques : voix murmurées, lancinance de fond, incantation lointaine. Puis surgit la voix, ultra déchirée, noyée dans le grésillement, comme les grattes, tranchantes mais elles aussi baignées de larsens. Le choix du mid-tempo – comme souvent pour ce type de black très ambiancé – est une option gagnante. La lenteur du propos permet de distinguer les petits arrangements ou les mélodies insidieuses qui se dégagent progressivement du morceau. Les roulements de batterie soulignent simplement le titre, sans lui insuffler de véritable dynamique, mais sans que cela ne dérange. Tout au contraire, cette batterie en retrait offre une place de choix aux guitares saturées et grésillantes ainsi qu’à la voix possédée (très typée KPN encore une fois, notamment vers les 5’). Ce morceau – habité – est une véritable réussite. On sent également – pour ma part – la patte originale de l’école française (Seigneur Voland, KPN, Blessed in Sin dans une certaine mesure), notamment pour les structures « harsh » mais ultra mélodiques en même temps et pour la crasse générale que dégagent les titres.

"Sainte Vesse", le troisième titre qui dépasse les 12’, adopte une posture identique, typique désormais de l’univers du groupe. Les guitares déchirent l’espace pendant que la basse ronronne en arrière-plan et tricote des plans rondouillards très agréables. Le mid-tempo accentue le sentiment de désolation et offre un excellent contraste aux accélérations qui parsèment le titre (aux alentours des 1’50). La dynamique est intéressante, le titre est bien construit, les cassures (2’50) ne dénaturent pas le morceau mais l’enrichissent. En revanche, là où KPN ou Pensées Nocturnes par exemple semblent désormais passer à autre chose (surtout le second nommé d’ailleurs), là où Diapsiquir (autre formation proche dans l’esprit) s’est largement fourvoyé à mon sens, Anus Mundi conserve son fil conducteur black metal sans s’égarer dans des domaines qu’il ne maîtriserait pas. Le propos reste violent, déchirant, d’une noirceur abyssale. Proche du mouvement suicidal BM par moments, Anus Mundi s’en tient néanmoins à l’écart par une dynamique différente. La progression naturelle des titres les plus longs est à ce titre remarquable ; on ne s’ennuie jamais sur les deux longues pièces du groupe car les changements de rythmes s’opèrent « dans la masse » (par exemple aux alentours des 10’30 sur "Sainte Vesse"), de façon discrète mais en s’appuyant sur une recherche mélodique tout à fait pertinente qui sert de pont et de liant entre les différentes parties.

L’enchaînement des titres 4, 5 et 6 ("A ma sœur", "Signature du sein blême" et "Camisole sur Seine") obéit aux mêmes préceptes. Le groupe ne se départit jamais vraiment de son mid-tempo pertinent (les accélérations sur "Camisole sur Seine" sont plus nombreuses), que la voix traînante accentue. Si "A ma sœur" et "Camisole sur Seine" m’ont fait une moins grande impression, c’est sans doute parce que les deux précédents titres ont délivré tellement d’informations que ceux-ci me sont apparus plus convenus. Ou peut-être que passé les 30 minutes, la recette fait moins mouche. Encore que l’intro de "Signature du sein blême" (et le titre en son entier d’ailleurs) est un régal : voix féminine déclamée, mélodie planante, ambiance de mort et progression über mélancolique à l’appui, avant l’explosion de violence toute de mélodie faite là encore, avec ces grattes qui donnent le sentiment de tournoyer dans les airs et de tomber du ciel comme des hallebardes sur le monde.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé cet album d’Anus Mundi. Pour un premier album, c’est une vraie réussite et une belle surprise. La scène black metal française a des choses à dire et elle les dit bien.


Rédigé par : Raziel | 15/20 | Nb de lectures : 10980




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Commentaire
seb
IP:80.13.7.14
Invité
Posté le: 24/11/2014 à 11h17 - (114918)
Il n'y aurait pas un site valide?


Ennemie
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2014 à 11h49 - (114919)
Sur Youtube point com: /watch?v=Y9rDYg3zmV8

On peut écouter et voir mille dents noires, c'est vrai, c'est franchement de la bombe. J'adhère!



JulesChargnier
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2014 à 14h07 - (114920)
tiens des liens valides :

www.anusmundi.fr

www.facebook.com/klisterlab



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