La conversation que vous allez lire est purement fictive. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait qu’une coïncidence et ne saurait entraîner des poursuites juridiques, pénales ou sexuelles.
En outre, aucun animal n’a été blessé pendant l’écriture de cette chronique.

- Alors voilà Coco, pour notre deuxième album, j’ai eu une super idée pour la pochette.
- Ah ouais ? Du genre ?
- Ben comme la plupart des autres groupes de grind polonais utilisent toujours des trucs immondes, on va prendre tout le monde à contre-pied avec une photo de divan …
- Un divan ?
- Ouaaais, la grande classe hein ? On utilisera une belle photo avec des couleurs bien agressives…
- Heu, ça va pas ressembler à une page du catalogue IKEA ton truc ?
- Pas du tout Coco, imagine plutôt un divan de seconde, voire troisième main, complètement défoncé au milieu de détritus, le genre couchage pour SDF. Avec le titre de l’album ça donne un truc ultra-conceptuel.
- Ah ouais ?
- Bah voui, ça symbolise cette dualité entre le confort et la précarité. Ce côté ambivalent qu’on retrouve dans notre musique. Pour l’intérieur on mettra des photos super dépouillées en monochrome. Ça va être génial…
- Ouais, ben n’oublie pas qu’on joue quand même du grind, un peu barré certes mais grind quand même. J’ai pas envie qu’on m’appelle « Monsieur Meuble » jusqu’au prochain disque moi…
- Putain, t’es trop négatif, elle est géniale cette idée…
- Ouais, ben en attendant, si je tenais le con qui t’a acheté ce bouquin de philo que tu trimbales aux répèts, il entendrait parler du pays… Et si tu me ressors encore une fois une citation de Nietzsche, je te fais bouffer ton livre.

Oui, après bon nombre de splits dans tous les formats possibles, les Polonais d’ANTIGAMA signent avec « Discomfort » leur second album. Pas vraiment une nouveauté en fait puisque avant d’être réédité, avec deux bonus, en Europe par Selfmadegod records, le disque est sorti l’année dernière sur le label US Extremist records.
Je n’ai strictement aucune idée de l’évolution qu’a pu subir le groupe mais toujours est-il que ce quatuor se distingue nettement de ce que la Pologne nous avait offert d’extrême jusqu’alors. ANTIGAMA nous exécute ici un album de treize titres concis, d’un grind technique et imprévisible. La totalité de cette galette oscille délicatement sur le fil qui sépare le cohérent du chaos sans jamais trop pencher d’un côté ou de l’autre. Et quand ANTIGAMA s’abandonne à des passages binaires, c’est pour mieux les malmener à la seconde suivante. Ainsi les rythmiques et les guitares ne semblent obéir à aucune règle définie et pourtant le résultat final est on ne peut plus homogène. Il n’apparaît pas superflu de citer des noms tels PIG DESTROYER ou CEPHALIC CARNAGE au rang des références déjantées de la formation polonaise. Après un blanc interminable « Discomfort » se termine en apothéose sur un remix électro saturé au-delà des limites d’un de leurs anciens morceaux. C’est un peu comme si cette ultime décharge d’adrénaline laissait libre cours à une barbarie trop longtemps contenue et les quelques adjonctions de machines ne pervertissent en rien la réussite de cette dernière salve

ANTIGAMA s’entoure également d’un esthétisme à la fois dépouillé, austère et lourd de significations. Il est dommage que le groupe n’ait pas jugé intéressant d’ajouter ses textes à un livret visiblement destiné aux autistes.
« Discomfort » se révèle être une intéressante surprise et ANTIGAMA un groupe à suivre de près.


Rédigé par : Tonton | 14/20 | Nb de lectures : 11243