Je sais, moi aussi, j’ai presque eu une crise cardiaque en tombant sur cette pochette digne d’un mauvais groupe de série Z échappé des années 80 et de l’ex-bloc est. Et le pire est que passé ce choc visuel qui picote plus les yeux que trois kilos d’oignons découpés, il y a du vrai là-dedans… Car même si le passif de ces jeunes suédois originaires de la petite ville étudiante de Växjö au milieu du pays dénote un certain penchant, tous styles confondus, pour un retour tonitruant aux valeurs des années 80 – comme le death des débuts avec EVISCERATED ou le hard-rock satanique avec WITCHGRAVE – ANTICHRIST n’est heureusement pas un xième ersatz du KREATOR qui se contentent de recracher à la photocopieuse les mêmes riffs usés de ‘Pleasure To Kill’. Pas besoin vous me diriez, vu qu’on a déjà la moitié de la ‘nouvelle’ scène thrash sud-américaine pour ça…

Ah ça pourtant il y en a de la baskets à languettes, du titre de morceau ultra-cliché (« Torment In Hell », « Minotaur » etc.), de la prod’ volontairement rétrograde avec cette réverb’ qui suit le chant comme son ombre et des cris perçants à la Schmier de DESTRUCTION pouvant briser un verre à cristal à distance. Oui mais voilà, carburant au super, ignorant toute forme d’humour ou de second degré et ne laissant que peu de répit, ‘Forbidden World’ a finalement plus en commun avec la scène de l’Europe de l’Est de la seconde moitié des 80’s qu’autre chose et que l’on redécouvre petit-à-petit ces dernières années grâce au travail acharné de labels comme DOOMENTIA ou NUCLEAR WAR NOW. C’est-à-dire que comme un peu la scène brésilienne de la même époque, ANTICHRIST renoue avec cette mentalité bien particulière presque hystérique et une énergie quasi primaire qui les pousse à volontairement être toujours à deux doigts du bordel mais sans jamais tomber dedans totalement, à chaque fois rattrapé à la culotte par une rigueur rythmique réelle bien que pourtant bien planquée sous trois couches de gras.

Sans la cruauté ni le côté punk du thrash teuton, ni les plans mosh et techniques ricains, ces Suédois explorent donc plus de vingt ans des terres quelques peu en jachère, quelque part entre CRUX, les tous débuts de MASTER’S HAMMER et les démos de POSSESSED, seule réelle référence non-européenne de ce ‘Forbidden World’ donc quelque peu hors du temps. Pas pour tout le monde certes mais avec un charme bien à lui donc. Un peu comme cette pochette en somme…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12850