Un Anthurus d’Archer est un champignon rosacé assez laid, qui ressemble à une étoile de mer, non comestible et qui dégage une forte odeur de putréfaction, parait-il.
Le Anthurus D’Archer qui nous intéresse est lui originaire de Châtellerault, fait partie de la très active association Klonosphere, et s’est formé il y a plus de 8 ans maintenant. Ils sont désormais 5 zigotos pour (dé)construire tout ce joyeux foutoir sonore : 3 guitaristes, un saxophoniste électronicien et un flûtiste crieur. Pas de batteur ni de bassiste. Le décor est planté : formation atypique pour une musique qui l’est tout autant.
Et elle nous donne en pâture ce disque orné d’une superbe pochette représentant un aspirateur (c’est plus subtil que ça tout de même)…Et en vérité il s’agit là d’un drôle d’objet ! De forme et de fond, « Plastofilene » ressemble fortement à un OVNI musical. En tous cas dans le milieu metallique, parce que ça n’a pas grand-chose à voir avec notre musique préférée ! Concrètement il y a deux parties distinctes dans cet album : une partie studio de 6 titres et une partie live, enregistrée au Café de la Plage à Maurepas. Je ne parlerai pas de cette dernière, vous pourrez vous reporter avec bonheur au compte rendu de ce même concert dans la rubrique Live Report de VS, posté par [eMp].
Très majoritairement jazzy, cet opus emprunte néanmoins suffisamment de chemins de traverses pour s’émanciper des grandes influences et fomenter un mélange assez sulfureux. Leurs modèles reconnus sont le Mahavishnu Orchestra du grand John McLaughlin, Magma, Soft Machine et Frank Zappa. C’est ce dernier qui me semble le plus proche de l’univers d’Anthurus D’Archer, de par sa folie créatrice et son humour décalé.
L’album s’ouvre sur le titre «Anthurus FM » et un sample d’émission radio où une de ces chanteuses québécoises imbuvables appelle une adolescente pré-pubère pour la rencontrer. S’ensuivent divers dialogues insipides et enfin arrive la musique. Celle-ci se base sur une guitare sèche percutante (dans tous les sens du terme) et virtuose. Très jazz funky dans l’approche, elle forme à elle seule le duo basse-batterie grâce à son jeu très percussif, sur lequel viennent se poser les plans mélodiques des autres instruments. Ces derniers ont une approche très jazzistique libre, et tressent sur la base harmonique de la guitare des entrelacs tour à tour mélodiques, mélancoliques, frénétiques, disharmoniques, puissants, calmes pour former une espèce de grand huit musical. En tendant bien l’oreille on reconnaitra une multitude de petits clins d’oeils mélodiques (il y a le thème de Hartley cœur à vif, par exemple). Hormis 2/3 passages bruitistes dignes du premier Fantomas (« Parking Crimson »), rien ne fait penser à du metal dans ce déferlement de sons. De nombreux samples ponctuent ce tissu sonore déjà bien dense : des pubs, des annonces radio, des chansons bidons (mais qu’ont-ils contre le kayak ces jeunes énervés ?) la liste est longue. De voix il n’est presque pas question tout au long de l’album, celui-ci étant quasiment intégralement instrumental. Quelques onomatopées deci-delà, quelques conneries balancées lors des prises de son ailleurs, mais ça sera tout. Inutile d’ajouter que pour faire sonner correctement tout ceci, les musiciens ont un niveau technique plutôt impressionnant…. Il n’y a pas de mp3 encore disponible de cet album mais sont téléchargeables sur leur site 3 packs de mp3s comme ils les appellent. Allez y jeter une oreille ça vaut le déplacement !
Pour les fans de jazz libre, de Fantomas, de MrBungle, de John Zorn, des Nonnes Troppo, de Beck, de Louis Sclavis, de John Mc Laughlin, de Carnival In Coal, de Achille Zavata, de Groland…. Et pour les amateurs de trucs frais et inventifs.
Ah tiens si, un petit mot du concert : impressionnant de maitrise !


Rédigé par : Ocean? | 15/20 | Nb de lectures : 11942