ANTERIOR est un groupe gallois fondé en 2006 par une bande de petits jeunots de 17ans, signé chez Metal Blade en fin de la même année. Un an plus tard ils sortent leur premier album, « The Age Of Silence ». Après ce départ en trombe le groupe marque le pas et patiente quatre années avant de balancer son deuxième album, le « Echoes Of The Fallen », qui nous interesse aujourd’hui. Quatre ans, soit le temps de fignoler un album aux petits oignons et de s’occuper de chaque détail sous tous les angles. Vu le professionnalisme de cette seconde livraison cela se conçoit aisément. Mais ils ont dû faire autre chose pendant ce temps-là car si ce deuxième album respire le professionnalisme et le travail soigné à 100% il n’en reste pas moins attendu et bien balisé. Redondant même, voire relou par moments. Je m’explique, ANTERIOR joue bien, proprement, fait tout ce qu’il veut, comme il le faut en restant bien dans les clous. Pas une tête qui ne dépasse, pas d’initiative personnelle ni de prise de risque inconsidérée, ni un mot plus haut que l’autre. « Echoes Of The Fallen » s’avère un album de bons petits fonctionnaires du Metal. Du genre à être en place à neuf heures le matin, à pointer à dix-sept heures pile le soir et à rentrer peinard chez soi enfiler ses charentaises et lire son journal. Et ça tout au long des dix titres de cet album.

Dès les premières notes on a déjà tout compris. Voilà encore des gars qui ont grandi avec « Master Of Puppets » et « …And Justice For All » dans les oreilles, c’est pas une tare loin de là mais quand ça s’entend dès les premières secondes de ta musique c’est plus emmerdant. Entrée en fade in, petit lead de grattes puis démarrage avec la grosse double et le riff velu. Ouais les gars ont écouté les Mets, pas de doute là-dessus. Pas le chanteur par contre qui lui braille façon Metalcore. Metallica c’était bien pour les années 80 mais maintenant en 2011 faut pousser sur les cordes vocales avec plus d’insistance. Du coup le père braille sans arrêt du début à la fin, laissant les voix claires pour le dernier Unearth. Tiens, tant qu’on parle d’Unearth, voilà une autre grosse influence du groupe. Ca s’entend au niveau du chant, du jeux de gratte à mi chemin entre le heavy traditionnel, le thrash 2.0 à la Evile et une petite touche plus brutale pour coller à l’air du temps. Puis une grosse prod mais qui sonne naturelle et pas synthétique. La batterie ressemble à une batterie et pas à une BAR. Les guitares se taillent la part du lion avec un vrai son « DJ Abdel : à l’ancienne » mettant en avant le beau travail des six cordistes qui font du réchauffé mais le font bien. Tout en se permettant des petits soli pas mal torchés. Les gars en ont sous le capot mais on les sent trop timorés, trop soucieux de ne pas en faire trop et de rester dans le carcan qui est le leur. Faut lâcher prise les gars, merde !

ANTERIOR convainc par intermittence, du bon shred par-ci, un break efficace par là, un pattern de batterie qui va bien de temps en temps mais le groupe ne parvient jamais à maintenir le niveau sur l’intégralité d’un titre sauf peut-être sur « The Evangelist » et son riff suédois qui envoie du lourd. Bien introduit par l’interlude accoustico-instrumental qui donne son titre à l’album, « The Evangelist » est un bon titre bien rendre-dedans, plus court que la moyenne, le seul sous la barre des quatre minutes, et qui rappelle les fantômes d’At The Gates sur les couplets. L’enchaînement avec le titre suivant « Sleep Soundly No More » est efficace et constitue le meilleur moment d’un album propre, correct, tenu de bout en bout mais dont on connaît les tenants et aboutissants par cœur. Un peu de Evile, une louchée d’Unearth, une pointe de Metallica eighties et un petit bout d’At The Gates juste pour la forme. Tout ça est très bien mais, nous, ce qu’on aimerait c’est goûter à la vraie saveur d’ANTERIOR qui après deux albums reste encore relativement inconnue. Il est temps pour le groupe de se désaper, de se foutre à poil et de sortir le service trois pièces sous peine de périr sous la dure loi du darwinisme musical. Ca passe encore pour cette fois, les Gallois trouveront sans doute grâce aux yeux de quelques fans de thrash/metalcore pas trop regardant sur la qualité, mais c’est vraiment la dernière fois, la prochaine fois, sans évolution c’est recalage direct et reconduite à la frontière.


Rédigé par : Seb On Fire | 12/20 | Nb de lectures : 12339