Curieuse biographie que celle du groupe allemand ANOTHER PERFECT DAY. Formé en 1993 comme groupe de mélodeath incluant des éléments Doom, le groupe splitta quatre ans après sa formation sans avoir eu le temps d’enregistrer un album complet, seuls 3 titres de session furent pressés en 1997 (au sein d’un EP éponyme). Néanmoins, le guitariste/chanteur/compositeur Kristian « Kohle » Kohlmannslehner (propriétaire des studios Kohlekeller : CREMATORY, SIEGES EVEN, FLOWING TEARS, POWERWOLF et d’autres ont enregistré là-bas) décide de reformer le groupe en 2005 en tant que projet solo. Et ce n’est que 5 ans après que ANOTHER PERFECT DAY sort son premier album chez Supreme Chaos Records.

Kristian enregistre donc tout seul The Gothenburg Post Scriptum, seulement accompagné de Sascha Schiller (SOLAR FRAGMENT) à la batterie et de quelques guests au chant clair. Sur le fond, on ne s’y trompera pas vu le titre de l’album : ANOTHER PERFECT DAY fait du mélodeath. Pourtant, bien que le projet revendique clairement les influences de la scène de Göteborg, elles ne se ressentent pas tant que ça. ANOTHER PERFECT DAY pratique plutôt un mélodeath d’obédience germanique (proche des derniers DARK AGE) et finlandais (avec un côté mélodico-mélancolique proche de -insérez le nom de votre groupe préféré de mélodeath finlandais ici-), mixé à du OPETH (pour le côté légèrement progressif et pour les nombreuses parties électro-acoustiques). Le côté « Gothenburg » se retrouve plutôt dans ce que le projet repique à DARK AGE, donc ce que DARK AGE a piqué à IN FLAMES et DARK TRANQUILLITY (vous suivez ?). Le riff de départ de "The Matador" m’a d’ailleurs fait énormément penser à celui de "10 Steps to Nausea" sur (l’excellent) Acedia de DARK AGE.

Sur le fond, ANOTHER PERFECT DAY ne révolutionne vraiment rien. Voyons si le projet parvient à se rattraper sur la forme. Eh bien, bof. Hormis les trois premiers titres qui recèlent de passages plutôt efficaces, l’ennui vient très vite pointer le bout de son nez au cours de l’écoute de The Gothenburg Post Scriptum. L’exécution et la production sont très bonnes, mais Kristian ne se lâche pas vraiment sur ce disque assez convenu pour le style. La faute à de trop nombreux passages mélodico-électro-acoustiques qui pour la plupart, se traînent en longueur et plombent l’album, surtout sur les derniers morceaux et notamment à partir du milieu de "In The End… The End" (titre évocateur de la fin de l’album avant sa fin ?). Le côté mélancolique à la AMORPHIS/SENTENCED ne fonctionne pas vraiment, les mélodies sont assez « faciles » et la sauce ne prend pas. Même les passages plus rapides ("Until You Bleed") ou plus écrasants ("In The End… The End") ne sont pas excitants pour un sou. Et pour couronner le tout, la voix mi-grognée mi-arrachée de Kristian est assez gonflante, rendant les écoutes prolongées assez irritantes. Les seuls bons passages vocaux de l’album sont ceux des invités au chant clair, à savoir Dan Swanö (qui illumine le titre "The Ghost, She Slept Beside Me" de fort belle manière), Karsten Jägger de DISBELIEF (qui nous gratifie de son superbe chant dépressif sur "In The End… The End"), et Arno Menses de SIEGES EVEN (dommage que le titre sur lequel il chante, "The Great Nothing", soit chiantissime au possible). Bref, dans sa globalité l’album ne décolle jamais, trop de mélodies électro-acoustiques tuant les mélodies électro-acoustiques, et de plus le clonage d’OPETH n’est jamais très loin (le début d’"Until You Bleed")…

Après tout, et étant donné que Kristian sait quand même quoi faire de ses instruments et en maîtrise leur production, The Gothenburg Post Scriptum n’est pas une bouse intersidérale. Ce disque devrait vous plaire si vous ne craignez pas l’overdose de mélodies bien mélancoliques comme il faut. Pour ma part ce premier effort de ANOTHER PERFECT DAY, treize ans après sa formation initiale, est franchement anecdotique et très ennuyeux. Il va falloir se dégager de ses influences ou redonner un peu de tonus (voire assumer totalement le côté le plus mélodique) pour pouvoir espérer percer dans le milieu chargé du mélodeath. En tout cas, avant de se revendiquer de l’« autre jour parfait », il faudrait commencer par atteindre la perfection dans la musique…


Rédigé par : ZeSnake | 09/20 | Nb de lectures : 12603