Ouille ouille, attention les oreilles, ça va dégommer ! Depuis quelques années, bon nombre de formations ultra-techniques sont apparues outre-Atlantique avec la ferme intention de nous débroussailler le cerveau à coup de blasts, de riffs alambiqués, de changements de plans incessants et de solos de dingues. Ce quartet formé en 2001 nous vient de San Francisco (CA), se nomme ANOMALOUS et vient de sortir son premier album longue-durée chez Brutal Bands, Ohmnivalent, après un unique EP en 2006 (Cognitive Dissonance). Et il va falloir s’accrocher, parce que ça dézingue sec.

ANOMALOUS fait donc partie de ces groupes dits de « Technical Brutal Death Metal » dans la grande tradition (bien que récente) des BRAIN DRILL, THE FACELESS, ODIOUS MORTEM, SPAWN OF POSSESSION et consorts. Mais bien que la composante technique de haut vol soit présente (évidemment), ANOMALOUS est un chouïa plus « moderne » et agrémente son art brutal par quelques petits éléments : polyrythmies, breakdowns, passages plus progressifs. Si vous avez apprécié HENKER et son excellent Slave Of My Art récemment, Ohmnivalent joue dans la même cour, les quelques influs Deathcore y compris (oui, ça va pas vous plaire mais c’est comme ça). J’irai même jusqu’à dire qu’étant donné l’importance de la composante polyrythmique et mélodico-progressive, ANOMALOUS me semble être un VEIL OF MAYA (sorte de Djentcore progressif pour ceux qui ne connaissent pas) en nettement plus brutal, ou quelque chose d’approchant. Et le résultat, nommé Ohmnivalent, en a dans les couilles.

Après la courte intro bizarroïde de "Premateria (A Fire Birth)", le déluge peut commencer. Mais attention, pas de sweepings à gogo et dans tous les sens façon BRAIN DRILL ici (leur ancien batteur étant pourtant de la partie), ANOMALOUS est un peu plus parcimonieux dans son dosage de technique. Les riffs djent bien écrasants s’enchevêtrent avec les leads mélodiques et les montées progressives, tandis que le batteur mitraille à tout va. Forcément un peu bordélique vu le style pratiqué, la prod est pourtant excellente, dévastant tout sur son passage, avec un son de batterie parfait. Seule la basse est trop effacée, ainsi que le chant mais ça n’est pas préjudiciable car ce dernier est un peu anecdotique (trop monocorde dans un style plus hardcore avec quelques rares growls). Alors bien sûr, ça change de plan toutes les 10 secondes, il faut suivre et on a souvent l’impression d’avoir un condensé de Metal qui nous arrive en pleine poire, mais les morceaux sont parfaitement construits dans l’enchaînement des parties qui poutrent, des gros breakdowns et des solos haut perchés (parfois proches de ce que font certains combos de Metal instrumental ou des travaux de Fredrik Thordendal). Constat qui se fait dès l’excellent "The Seraphim Veil". Ohmnivalent dure 53 minutes (pour 9 morceaux dont certains dépassent les 8 minutes), ce qui peut paraître beaucoup pour un style si riche mais on ne s’ennuie pas du tout. On a donc droit à de sacrés morceaux bien maîtrisés, du bien puissant "Bicruciforms: The Eternal Return" qui démarre à toute berzingue, en passant par "Ohmnivalent" et son magnifique solo central (ainsi que l’instrumental qui suit, "Mitosis"), ou encore l’ultrabrutal "Hypnagogue", et surtout le final "Binary Resurrection" avec les parties les plus impressionnantes du disque (et les rythmiques les plus écrasantes).

Doté d’un niveau technique figurant dans une excellente moyenne, ANOMALOUS signe avec Ohmnivalent un excellent disque de Brutal Death technique, bardé de gros riffs polyrythmiques et d’envolées progressives qui font toute la différence. Un disque efficace, et c’est bien l’efficacité qui prime car pour le reste, ANOMALOUS n’a pas énormément d’originalité et on aura vite fait le tour d’Ohmnivalent si on est habitué au style. A réserver à ceux qui n’ont pas peur d’un déluge technico-brutal indigeste au premier abord et qui aiment les solos bien travaillés au milieu de tout ça. Un album riche et déjà abouti, mais ANOMALOUS n’en est qu’à des grands débuts discographiques et pourra peut-être faire encore mieux.


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 12997