"Tiens, c'est du black". C'est sur ces quelques mots laconiques, échangés au crépuscule sur un trottoir gelé proche du périphérique parisien, qu'un kronikeur de VS m'a refilé "Human Creatures". Dès la première écoute de ce CD, je n'ai eu qu'un mot à l'esprit: "L'enfoiré". Le quartet suisse n'a rien de black, à aucun moment de leur deuxième album, probablement à aucun moment de leur carrière débutée en 2001 à Ringwil-Hinwil ("Allô ?"). En fait, ce second album me replonge tout droit dans ma jeunesse métallique, il y a plus d'une décennie.

Le ton est donné dès les premiers mots de "Fuck All": "Un, dos, tres, cuatro". Hein ? Sont pas suisses ? Y'a un canton suisse hispanophone ? Que nenni. Les joyeux drilles de Annulation sont simplement complètement influencés par Sepultura. Tellement influencés que ça en devient fortement gênant très rapidement, à la limite de la soumission mentale. L'intro de "Soul Get Out" est même un pompage éhonté de l'intro de "Attitude" sur Roots de qui vous savez (voir l'extrait). On retrouve tous les artifices qui ont fait le succès des Brésiliens, notamment ces notes aiguës répétées qui lancent les rythmiques ou les passages pachydermiques bien gras. Annulation oscille constamment entre riffs basiques et recopie de son idole, sans parvenir à exprimer quelque chose de personnel à aucun moment (jusqu'à la reprise de "Roots" en fin d'album). Je ne vous parle même pas de la richesse des textes, reflétée par la track list ("Fuck All", "Murderer", "Radical Shit", etc).

Bon, ce n'est pas nul, attention. La mise en place est là, le son est correct, les zicos savent tenir leurs instruments. Mais "Human Creatures" est juste insipide, comme un album de Calogero dans le monde du rock. A la rigueur, cet album permet encore une fois de jauger l'influence considérable qu'a eue Sepultura...


Rédigé par : Prince de Lu | 3,5/10 | Nb de lectures : 12533