Hou l’étrangeté que voilà !!! C’est un peu ce qu’on pourrait se dire en découvrant ANIMA MORTE sur ce premier album aux ambitions bien peu métalliques et dont nous devons la découverte à Dead Beat Media, l’ambitieux sous-label de Razorback records, dédié aux musiques inspirées des bandes originales de films d’horreur ou fantastique.

Jusque-là personne ne sera véritablement surpris puisque le cinéma horrifique reste l’une des sources d’inspiration intarissable du métal extrême mais là où ANIMA MORTE se distingue, c’est dans l’approche exclusivement instrumentale et très proche de ces bandes originales qui ont accompagné, plus précisément les films italiens des années 70 des Dario Argento, Lucio Fulci ou Mario Bava. L’occasion de retrouver des sonorités ultra kitchs de synthés antiques, de pianos, de flûtes, agrémentés de jolies guitares et de discrètes rythmiques.
Elaboré comme pour le septième art, « Face the sea of darkness » nous raconte quelques histoires sans parole en s’appuyant uniquement sur des ambiances soigneusement concoctées qui lorgnent ouvertement vers un style progressif très seventies suggérant le port obligatoire du pantalon à patte d’éléphant assorti d’une belle chemise col pelle-à-tarte aux couleurs aussi outrageuses qu’improbables. Le voyage dans le temps est réussi mais tient plus de la musique d'ambiance délicieusement rétro propice aux ascenseurs que de l'exercice de style.

Même si le groupe reste relativement discret sur le bagage de ses protagonistes, on découvre sans peine que les quatre musiciens qui ont mené à terme ce projet sont tous issus de la scène métal suédoise avec des membres de F.K.Ü., WUTHERING HEIGHTS ou encore FLAGELLATION.

Doté d’un charme désuet parfois très proche de vieilles B.O., « Face the sea of darkness » malgré ses mélopées parfois inquiétantes s’avère être un disque apaisant qu’il est agréable d’écouter entre deux tranches de death grosbill. Il va de soi que si les ambiances distillées ici avec talent sont irrésistiblement captivantes, je vous recommande tout de même d’y jeter une oreille attentive en gardant bien à l’esprit le souvenir des compositions de l’époque évoquée.
ANIMA MORTE a composé là un bien bel hommage nostalgique à un cinéma aujourd’hui disparu mais qui n’a pas fini de nous faire frissonner.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 10517