Musicien prolifique du haut des nombreux projets auxquels ils collaborent, Trondr Nefas parvient à se tailler une place dans la très encombrée scène norvégienne avec des projets qui touchent à différents styles de black. Après le succès grandissant d'Urgehal, né des cendres du tout aussi excellent Kvist, il était plaisant de voir le guitariste s'éclater avec le bestial Beastcraft, Vulture Lord ou jouer les membres live pour Krypt. Et l'annonce d'un projet plus "space" du bonhomme n'était pas pour me déplaire. Pour se faire, Trondr Nefas a débauché son camarade Lars Fredrik Frøislie (In Lingua Mortua, Endezzma) à la batterie et récupère Trine-Lise A. qui vient poser par instants de douces vocalises.

L'esprit d'Angst Skvadron (l'escadron de l'angoisse, tout un programme) est résolument tourné vers les cieux nocturnes, vers la noirceur insondable de l'espââââce. Et Trondr Nefas de nous servir un black léger aux riffs très thrash où se mêlent parcimonieusement des sonorités délicatement dissonantes qui évoquent les bandes originales "angoissantes" des films de SF des anciens temps. L'atmosphère est posée en douceur, avec une musique qui prend tout son temps, étalant ses riffs sur la durée. Sur le papier, c'est très intéressant.

Sauf que. Sauf que l'album s'enlise rapidement dans le doux ronronnement. Le premier titre "Silent Light, Alien Night" est une parfaite réussite et résume la substantifique moelle du projet. Le riff principal est très accrocheur, le pont central colle impeccablement, bref super et l'excitomètre grimpe bien. Mais dès la suite, on tombe déjà sur du plus mid-tempo monté sur deux-trois riffs beaucoup moins savoureux. Trondr Nefas parvient à tenir la dragée en usant de quelques artifices d'arrangements. Les interventions de Trine-Lise A. sont d'ailleurs excellentes. Mais elle seule nous rapproche un peu de la brillance d'un Oxiplegatz. Un piano ou un synthé vient s'en mêler, quelques samples sont saupoudrés. Mais l'ennui commence à poindre dans un album qui ne prend jamais son auditeur à la gorge et qui n'angoisse nullement.

Et une fois passés les quatre premiers titres (en comptant l'intro), on a malheureusement fait le tour de l'opus. Le signal du trop-plein est donné par "The Astroid Haemorhoids and the Drunken Sailor", sorte de mélange entre du thrash ringard et le générique de Scoubidou. Certains parleront d'humour et de délire. Certes, mais de là à débourser 15 euros pour se poiler deux minutes, il y a un pas. Et la suite s'égare dans les mid-tempos fades, avec même un "Beyond Andromeda" qui semble calqué sur "Negativitetens Hveletak". Et hop, l'outro et fin des 34 courtes minutes de la bestiole. C'était la dernière séquence, c'était la dernière séance et le rideau sur l'écran est tombé.

Si Trondr Nefas s'était contenté d'un MCD, il est probable que j'aurais avalé la pilule en trouvant toutefois les derniers titres un peu mollassons. Mais sur un album "longue durée", la seconde moitié ne me semble rien apporter, alors que l'ensemble manque déjà sévèrement de burnes. Si l'idée de départ est bonne, ce premier effort d'Angst Skvadron sent le manque de maturation et le remplissage. Faites-vous du bien avec le son dégueulasse du MySpace, ça suffira. Cet album ne fait pas atteindre les étoiles. Et Trondr Nefas n'est pas parfait. Flûte, alors.


Rédigé par : Prince de Lu | 10/20 | Nb de lectures : 10983