C'est de nouveau un split qui retient toute notre attention sur cette page. Celui-ci a le mérite d'être sorti chez Northern Silence, ce qui peut présager du meilleur, vu les récentes sorties du label. Comme tout split, le résultat de la roulette russe peut aussi donner du bien moins bon (cf la chronique sur VS du tripartite Wyrd/Haïve/Kehrä, également de chez Northern Silence). Alors cette fois, exercice imposé ou fond de tiroirs ? Chacun des groupes a moins d'une demi-heure pour convaincre (28 minutes pour le premier, 25 minutes pour le second).

Premier des deux projets à se partager les pistes, Angantyr s'est récemment fait un nom dans la scène UG. Jusqu'aux rééditions de ses albums "Kampen Forsætter" (2000, réédité en 2006 chez Eisenwald Tonschmiede) et ":Sejr:" (2004, réédité chez Det Germanske Folket en 2006 aussi), le one-man band danois était resté dans l'ombre du plus grand nombre. Mais Ynleborgaz (toi aussi tape des lettres au hasard sur ton clavier) a depuis trouvé un petit public pour apprécier son black bien raw. Les bons retours autour de l'autre projet du bonhomme, à savoir Make a Change... Kill Yourself, ne sont pas étrangers à cette petite mousse autour d'Angantyr. Mousse méritée pour les deux formations, à mon humble avis. Ynleborgaz est également dans quelques autres entités, que je ne connais pas encore (donc démerdez-vous).

Encore auréolé de la sortie de son troisième bébé "Hævn", Angantyr propose cette fois deux titres studios et le morceau live "I Der Knæler i Ynk" tiré de son premier album. Les enregistrements de tout ce bazar datent de 2005, le titre vivant ayant été mis en boîte en mai à Copenhague. Je devrais passer immédiatement sur l'intérêt dispensable du morceau live. N'en déplaise aux pantouflards, un morceau live se vit en concert, dans la moiteur d'une salle obscure, et non devant une platine où la magie ne s'exerce qu'à faible dosage. Mais attardons-nous dessus malgré tout car ce titre est très convaincant. Nous ramenant aux premières heures du projet, il suinte un esprit bien old school avec de bonnes variations, notamment son break central classique mais bien amené. Il est bien exécuté (un compliment pour le style) et passe très bien avec un bon son plus que correct, bien différent de la version d'origine.

Par contre, les deux titres studios sont… comment dire… différents. Angantyr a changé son fusil d'épaule et propose un true black avec une production bien moins agressive qu'à l'habitude. Les deux riffs de chaque morceau fleurent bon le minimum syndical et n'éveillent en moi qu'un ennui profond. A ce stade du CD, ça fleurait surtout le lattage en règle, avec une conclusion en forme de hurlements contre les splits de merde que les labels nous déversent trop régulièrement dans les distros. Mais c'était sans compter sur la seconde partie…

Note Angantyr : 3,5/10
Site officiel : http://www.angantyr.dk


De Nasheim, je ne connaissais que le nom. Je m'apprêtais d'ailleurs à vous servir un de ces calembours que Cobra me jalouse sur le patronyme du projet suédois. Mais voilà, ils ne le méritent pas (encore). Car Nasheim fait grandement remonter l'intérêt de ce split en une seule plage de 25 minutes. Oui, une seule, intitulée "Sövande Mjöd Vill Jag Tömma" et inspiré d'un poème de Gustav Fröding.

Dans une recherche de mise en place lente de l'ambiance, le duo suédois propose un black atmosphérique, légèrement teinté de mélodie pagan. L'approche peut faire penser aux titres les plus enjôleurs de Drudkh, dans un black qui prend le temps de développer ses thèmes. Jusqu'à en rester instrumental pendant la moitié du temps. Après de nombreux rebondissements, des rythmiques mélancoliques à souhait, des arpèges en son clair éthérés et des thèmes portés par des leads bien mélodiques à l'allemande, les vocaux arrachés viennent briser l'harmonie de ce très long prélude enivrant et ramènent à la douleur de la réalité.

Le titre se découpe en plusieurs parties sur son final, gardant son aura de bout en bout. La basse ronflante est parfaitement audible, la batterie parfaitement dans le ton d'un morceau très musical, appuyant avec sobriété et intelligence des guitares impeccables. Nasheim fait ici une démonstration où seules quelques fragilités d'exécution subsistent dans les solos. Mais ces imperfections rendent le titre d'autant plus humain et touchant, comme le font les chants clairs se lamentant dans la partie finale. Bravo messieurs. Dire qu'ils ne se sentaient pas encore prêts pour enregistrer un album et ont donc proposé un split avec un autre de ses groupes à Northern Silence. A surveiller de très près, l'album restant en cours d'écriture.

Note Nasheim : 9/10
Site officiel très éthéré : http://www.nasheim.se


Etant très déçu par la partie Angantyr qui s'enfonce dans des compositions true à deux riffs bien pâlichonnes (pour rester diplomate), ce split est pour moi entièrement soutenu par Nasheim qui en légitime l'achat. Je vais de ce pas me pencher sur les démos du groupe "Evighet" et "Undergång", réédités par Northern Silence l'année dernière.

Ah, j'oubliais de vous signaler que, comme d'habitude, le label allemand propose ce split dans une boî-boîte en métal. C'est évidemment limité et évidemment plus cher. C'est beau, le métal. C'est lisse. C'est froid. Comme une pièce de monnaie…


Rédigé par : Prince de Lu | 12,5/20 | Nb de lectures : 11890