Le duo ANDREAS & NICOLAS a souvent été sujet à polémique en nos pages. Ce projet a-t-il réellement sa place sur VS ? Est-ce foncièrement drôle ? Pourquoi se retrouvent-ils sur des grosses maisons de disques ? À quelle heure joue PLÈVRE ? Que de questions pour un projet qui se targue de n'être qu'un simple amusement finalement. Oui mais bon, quand même, on peut se marrer avec des chansons marrantes, voir débiles, et balancer ça pépère sur un bandcamp en download gratos aussi, voir en CD bonus d'un des deux groupes où officient officiellement les protagonistes. Chacun son choix, et dans le cas d'ANDREAS & NICOLAS la volonté de faire profiter tout le monde de leurs délires est pleinement assumée. Assumé et finement mis en pratique. Le résultat est franchement cossu. Un vrai travail professionnel, qui a de la gueule et qui sonne. On sent que les moyens ont été de la partie, car la musique du duo tape vraiment dans le grand luxe cette fois-ci. C'est à en dégoûter certaines formations, vu la finalité du bestiau. Le pire dans cette histoire est surement le fait de finir aussi facilement sur de bons labels metal vu le style pratiqué. Oui, vu qu'on a deux bonhommes issus du milieu metal ça doit finir sur un label metal. Mouais, je ne suis qu'à moitié convaincu sur ce coup, mais enfin... Ce genre de signature doit bien en écœurer certains, mais ainsi va la vie les gars. Les jaloux vont maigrir comme on dit. Et en plus de ça, nos deux gaillards ont un certain succès avec leur truc. Personnellement, les extraits entendus de « Super Chanson » en 2010 ne m'avaient pas du tout convaincu. La kronik de Pamalach n'a fait que confirmer mon ressenti et j'ai vite oublié ce qui s'était introduit dans mes conduits pour passer à des trucs bien plus passionnants, comme ranger mes chaussettes par exemple. Mais là, 4 ans plus tard, on me propose de chroniquer « Singes du Futur », le second album du duo de choc. « Pourquoi pas » me suis-je dis, c'est peut-être mieux aujourd'hui ? Grand mal m'en a pris...

Je savais d'avance que leur humour n'allait pas me plaire, n'étant déjà pas très friand du délire d'ULTRA VOMIT. Avec ANDREAS & NICOLAS on va quand même plus loin que ça encore, malheureusement. Si le style parodie peut être séduisant pour ses dérisions, là, on baigne quand même dans un délire ultra limite. Pour être tout à fait honnête, j'ai eu le sentiment d'écouter les amusements persos d'une bande d'adulescents (ou d'enfultes, comme vous le voulez) sur près de 45 minutes. Le genre de blagues potaches qu'on sort quand on a 15 ans, entre potes, entre deux boutons et un panaché tout en poussant des ricanements de hyène attardée. Bref, pour rentrer un peu plus dans le vif du sujet, voici comment se présente « Singes du futur » : 4912 après J.C., l'humanité n'est plus et seul un cochon, dernier représentant de la planète Terre, est choisi pour le programme de colonisation baptisé « Singes du Futur ». Durant son vol dans l'espace vers la planète Cribule (?), le gentil porcinet aura le choix d'écouter un vaste choix d'artistes ayant marqué l'histoire de la musique durant des siècles. Notre bon petit cochon passe en revue bon nombre d'interprètes tout autant prestigieux que légendaires et porte son dévolu sur ANDREAS & NICOLAS. À partir de là, c'est parti pour une enfilade de 14 chansons « comiques » à la sauce chanson rigolote.

Bon, je pense qu'il faut être un gros fan du groupe, ou être en pleine adolescence, pour apprécier pleinement ce genre de disque. Sans vouloir casser pour casser, reconnaissons que ça ne vole pas bien haut. Musicalement, ANDREAS & NICOLAS la foutent sévère, avec des compos taillées pour sonner, guillerettes, emmitouflées d'une production de porc signé Nikotep (qui s'est occupé des prods de Philippe Katerine, Dominique A, Pete Doherty – The Libertine, entre autres). Là-dessus, on ne peut que saluer le niveau et l'inspiration joviale pour nous lâcher du bon titre. Tout ça serait merveilleux si il s'agissait d'un disque uniquement instrumental (et encore). Là où c'est vraiment difficile, c'est avec les textes du duo. Il faut vraiment adhérer à 100 % à ce que le groupe sort, sous peine de vouloir donner une seconde vie à cette rondelle en tant que nouveau frisbee. Sans déconner, hormis les titres « sympas » tels que « Les Vaches », « Crazy Clochard » ou « Mon costume de Singe », qui dans leurs genres ont un rendu plutôt cool (il ne faut pas être super exigeant non plus), le reste ne se compose que de tubes pour SEGPA ! Des morceaux de la trempe de « Putain ! Putain ! Putain ! » ou « Super Salope », mais on baigne dans de la pure mongolerie AOC... Que des gars de plus de 30 ans balancent des chansons de cette trempe, non, franchement, je trouve ça navrant. Y a humour et humour, on va dire, même en passant ça de façon artistique en chanson.

Et fait, ça en devient presque dérangeant. Voir deux mecs qui touchent leurs billes pour composer des très bons titres (musicalement parlant) balancer des lyrics complètement teubés sur chaque morceau... Non quoi. S'amuser à pondre des conneries-crotte de nez et à les faire partager au monde entier (bon, en France, c'est déjà pas mal), faut pas non plus pousser. Et le pire dans tout ça c'est que ça n'est même pas nul (heureusement d'ailleurs, car si en plus c'était complètement à l'ouest musicalement...), non, c'est juste super crétin et ça passe vraiment moyen. Perso, j'ai beau apprécier des trucs un peu gogol, style GRONIBARD, STUPEFLIP ou DIDIER SUPER, là en aucun cas, je ne retrouve ce truc qui fait vraiment rire, voir sourire (le minimum quoi). On est juste face à 15 pistes ultra bien produites, aux structures impeccables, mais souffrant d'un fond commerce bien trop nian-nian-caca-prout quoi pour qu'on ne s'y attarde.

ANDREAS & NICOLAS ont-ils leur place sur VS ? Grace à leurs « vrais » groupes, oui. S'ils avaient uniquement ce projet, non. Voilà bien le genre de disque à ne pas mettre entre toutes les mains. Le genre de disque qu'on adore (quand le mot « caca » vous fait exploser de rire) ou déteste (si le mot « caca » signifie juste « excrément » pour vous). Plus séduisant que le premier, il ne laisse pas indiffèrent par sa production qui sonne du feu de Dieu, mais cela ne fait pas tout. Et à ce sujet-là, je citerai les STUPEFLIP avec :

« Mais t’sais, la varietoche de la Star Ac’ c’est plutôt bien foutu… C’est séduisant quoi… »
« Tu trouves ça bien foutue toi ? »
« Bah, y a du boulot derrière »
« Humf »
« Nan mais c’est vrai ! »
« C’est pas parce qu’il y a du boulot derrière que c’est forcément bien foutu… »
« Bah si y en avait pas, ce serait beaucoup moins séduisant je pense… »

Faites votre choix, le mien est fait en tout cas.



15 (pour la production et la composition) - 06 (pour les textes) = 09/20


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 09/20 | Nb de lectures : 16538