Ami épique, munis-toi de ton plus beau ventilateur. Ouh yeah, ça va brasser du riff ce soir, en l'honneur de guerriers courageux pétris d'honneur. Ouais, sors ton épée en latex et brandis-la vers la pleine lune. Et n'oublie pas d'enfourner le sixième opus des Allemands Andras dans ta platine recouverte de peau de bêtes. Mais... mais... Que c'est facile de se moquer! Que c'est facile de juger un album à sa pochette horrible! Et pourtant, j'ai rapidement moins fait le malin. Mais tout d'abord un point d'étape.

Andras, c'est un groupe formé au milieu des années 90 qui a débuté dans le black metal avant de prendre en route le train du pagan spécialité épique/heathen. Andras, c'est aussi un groupe qui est resté planté dans l'underground, qui n'a réellement trouvé son chemin vers nos étals qu'avec Iron Way en 2008 (alors que c'est déjà le cinquième album de la bande). Laissons donc une chance à ces "nouveaux venus", que diable!

L'adoption de Warlord est difficile. L'artwork est très näif (les détails de la peinture mal fichue qui fait office de pochette décore l'intérieur du livret). Thrudvangar est remercié dans le livret, preuve de mauvais goût assez marqué. Cela démarre avec un riff plaqué "plubatotumeur" sur fond de chœurs qui fait craindre le Nightwishesque épique gluant. Rien que sur ce départ, le son est plus lisse que puissant. Quand la voix hurlée débarque, je suis tout crispé tellement je ne l'aime pas. A cet instant, je me dis que ça démarre bien mal et qu'il va me falloir beaucoup de sérénité pour venir à bout de la bestiole. Et puis, il y a soudain un moment de grâce.

Si le chanteur (et producteur) (et bassiste) Ecthelion use d'un chant guttural que je trouve moche, son chant clair m'a littéralement scotché. Puissant, mélodieux, avec une tessiture proche de celle d'un Vintersorg, le chant clair de l'Allemand bute sa mémé. Dans un album qui m'a semblé de prime abord très convenu, ce seul îlot de béatitude a suffi à me faire revenir à l'écoute. Et guetter ces apparitions vocales suffit à occuper son bonhomme pendant 55 minutes.

C'est maigre comme quête, je vous l'accorde. Mais musicalement, Andras ne casse vraiment pas trois tables dans une auberge, une sorte de Borknagar bien fichu mais cédant souvent à la facilité du déjà-entendu. Usez plutôt vos Moonsorrow pour ressentir un souffle épique absent de ce Warlord appliqué mais sans charisme. C'est bien fait, avec des passages blastés et des moments über-épiques. Mais il manque ZE truc qui emporte l'adhésion dans un opus trop lisse, et qui me semble rapidement trop long. Mais bon, c'est tout de même bien fait quand même, avec un gros son qui claque (production "maison" et mastering signé Dan Swanö). Les affamés de l'épique pourraient fort bien trouver leur pitance ici. Et côté boustifaille, c'est 55 minutes qui calent bien l'estomac à défaut d'être savoureuses.

NB: le skeud est sorti en boitier crystal et en digipack, digi livré avec un DVD bonus qui contient notamment la prestation du groupe au Chronical Moshers Open Air 2010. Qu'on se le dise.


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 12743