"Rubicon" n’est que le cinquième album des belges d’ANCIENT RITES en dix huit années d’existence. Le groupe prend le temps qui lui faut entre chaque sortie et il nous aura donc fallu attendre cinq longues années pour avoir le successeur du fabuleux "Dim Carcosa". Je profite de cette chronique pour revenir en quelques lignes sur cet album puisqu’il ne figure pas dans les colonnes de VS. Je m’intéresse à ANCIENT RITES depuis l’excellent "Fatherland" sorti en 1998, mais la claque ultime fut pour moi "Dim Carcosa". Un album épique et majestueux mêlant allègrement le black au heavy sympho sur lequel on retrouvait des hymnes incontournables comme "Victory Or Valhalla" ou "...And The Horns Called For War". Même si la prod un peu trop synthétique (du fait de la batterie triggée) m’avait rebuté aux premiers abords, je finis par rentrer dedans et au jour d’aujourd’hui "Dim Carcosa" demeure parmi mes cinq albums de metal préférés, toutes catégories confondues. En 2003 le groupe sortait le live "And The Hordes Stood As One", une excellente manière de nous faire patienter jusqu’au nouvel album d’autant plus que ce live faisait la part belle à "Dim Carcosa".

Nouvel album, nouveau label et nouveau line up. Jan Yrlund qui avait rejoins le groupe avant "Fatherland" est reparti chez LACRIMOSA. Bart Vandereycken, le guitariste sur le deux premiers albums, est de retour de même que Raf Jansen qui avait tenu la seconde guitare sur la tournée "Blasfemia Eternal". Et que devient Erik Sprooten allez vous me dire ? Et bien il est toujours là, fidèle au poste, ce qui fait qu’ANCIENT RITES compte donc dans rangs trois guitaristes. Mais ce n’est pas tout, Domingo Smets, le claviériste qui avait quitté le groupe après la sortie de "Dim Carcosa", est également de retour mais au poste de bassiste puisque Günther Theys se cantonne désormais au chant. Un album qui se présente donc sous les meilleurs auspices même si je l’ai abordé avec beaucoup d’appréhensions, je savais pertinemment que pondre un nouvel opus digne de digne de "Dim Carcosa" se révèlerai être une tâche ardue même avec un line up aussi prometteur.

Comme sur "The Return" qui ouvrait "Dim Carcosa", la mélodie de "Fatherland" fait apparition dans l’intro de "Rubicon" intitulée "Crusade". Une intro hautement symbolique, les réminiscences de "Fatherland" représentant le point de départ des croisés, tandis que le reste de l’intro prend volontairement une tournure orientable transportant l’auditeur au beau milieu d’un désert aride. "Templar" est donc la suite logique ce cette intro, un morceau narrant une bataille historique s’étant déroulée le 3 juillet 1187 et qui aboutit à la victoire de l’armée du Sultan Saladin contre celle des croisés menée par le templier Geraard Van Ruddervoorde. Mis en musique cela vous donne des mélodies guitares arabisantes opposés au coté épique des claviers. Un conflit que se retrouve jusque dans les paroles du refrain "Allah Akhbar – God Wills It". Après une bataille acharnée "Eye For an Eye, Kill For A Kill", le morceau break et laisse place à un nouveau duo guitare/clavier totalement enchanteur.

Günther a définitivement laissé tomber les vocaux black, son chant a ici une tonalité moins extrême, je dirais même qu’il est presque narratif mais avec un accent beaucoup plus grandiloquent. En revanche la musique reste tout ce qu’il y a de plus soutenu et ce grâce à une batterie dynamique qui n’hésite pas à blaster pour permettre aux compositions de dégager une véritable force. La musique d’ANCIENT RITES s’articule dorénavant autour d’un heavy sympho où les trois guitaristes donnent la réplique à des claviers omniprésents. Cela s’illustre parfaitement sur le troisième titre de "Rubicon", "Mithras". De multiples petits soli de guitares ici et là, des riffs solides, un refrain presque héroïque et ces synthés, je dois avouer que Davy Wouters s’est tout simplement surpassé sur "Rubicon". Jamais je n’avais entendu de telles symphonies. "Invictus" est un morceau dans la droite lignée de "Mithras", le même type de refrain guerrier et accrocheur, mais encore une fois le travail au synthé est phénoménal. Et que dire du break du titre "Ypres" renforcé par des chœurs féminins captivant, on se laisserait presque bercer mais le morceau repart subitement en blastant et poursuit sur un enchaînement de soli.

Même si j’insiste énormément sur le rôle primordial des claviers il faut savoir qu’avec trois guitaristes, les guitaristes ne sont évidement pas en reste. Ce sont elles qui créent la symphonie sur "Galilean", et tout au long de l’album on assiste à des cavalcades dignes d’IRON MAIDEN, toutes plus splendides les unes que les autres. Mention spéciale au soli du titre "Cheruscan" et son petit clin d’œil au titre "On Golden Fields" de "Dim Carcosa". La production est limpide et puissante. La batterie est ici plus naturelle que sur "Dim Carcosa" et malgré l’importance des guitares et claviers sur "Rubicon", la basse arrive parfaitement à se faire entendre.

La musique d’ANCIENT RITES est assez particulière et reste très difficile à décrire. Mais si vous aimez le heavy, le pagan, et les symphonies épiques je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille sur cet album. Pour moi ANCIENT RITES n’a pas fait mieux que "Dim Carcosa" mais ils ont quasiment fait aussi bien. Je regrette juste cette petite touche de diversité qu’il y avait entre des titres comme "Lindisfarne" et "On Golden Fields" sur "Dim Carcosa". Mais cela reste minime, "Rubicon" est un excellent album.




Rédigé par : wasted | 17,5/20 | Nb de lectures : 15709