Si ANCIENT NECROPSY était un personnage médiatique, ça serait sans doute Ingrid Betancourt... En effet, l'un comme l'autre crapahutent dans l'underground colombien depuis presque neuf ans et plus le temps passe, plus ils paraissent rabougris. Ce one man band délivre donc, son tout nouvel album, et même si ce dernier fait preuve d'une certaine évolution, force est de constater que l'ensemble est quelque peu... bancal. "Apocalyptic Empire" aurait pu être une grosse tuerie, mais son auteur s'est pris les pieds dans le tapis en entrant en studio. Dommage.

Le premier album éponyme de ANCIENT NECROPSY présentait un gros Brutal Death typé US vraiment sympatoche. Le second - "Deformed King's Mummification" – dégageait une désagréable odeur de renfermé qui s'est méchamment accrue sur ce dernier opus. "Apocalyptic Empire" se situe dans la lignée des précédents mais offre un visage nouveau qui laisse une grande place aux élucubrations techniques. Certes, Ivan Jaramillo reste toujours fidèle à l'école Brutal de DEEDS OF FLESH/BRUTUS mais il y a greffé une considérable dose d'ultra technique. L'ultra brutalité d'antan est désormais pondérée par des nappes de structures assez alambiquées qui voudraient rappeler NECROPHAGIST voire DECAPITATED. Ca pourrait donner quelque chose d'intéressant, mais le gros souci c'est qu'on a l'impression que ANCIENT NECROPSY a le cul entre deux chaises, et la mayonnaise ne prend pas des masses, si bien que l'on a vite la gerbe. Imaginez un hybride entre INTERNAL SUFFERING, MY PLAGUE et DISGORGE (MEX) tout enrubanné de plans techniques imbuvables... Bizarre... Ultra brutalité bien bestiale flirtant avec le Grind gerbouleux // acrobaties techniques... Déroutant. Comme si un festoche de Grind Core était subventionné par la mairie de Neuilly... Bref, ces deux facettes antithétiques s'affrontent ou – pour mieux dire – s'entretuent, car, il s'agit là d'un album bien mort.

Le fait que ANCIENT NECROPSY s'essaie aux prouesses techniques n'est pas trop grave (quoique...) Non, le truc foireux c'est que ce Rémi Bricka du Death s'est complètement croûté car son niveau technique rase les pâquerettes. Des riffs hasardeux, des enchaînements hésitants, des breaks douteux, des solos en sweep maladroits et une batterie qui patauge et qui reste difficilement dans les temps... Le nombre de pains qui barbouille l'album est tout bonnement hallucinant! C'est bancal... et pas qu'un peu!
Au début, on croit avoir affaire à des structures originales, mais on devine qu'en tirant dans le tas, il a réussi à en piocher quelques-unes, le reste du temps, il est à côté de la plaque.

A l'écoute de l'album, on est interloqué. On écoute. On sent un énorme potentiel. Mais non, ça sent un peu le pet foireux. On ne ressent rien. La brutalité est aplatie par une "technique" qui n'exprime rien. Un manque de maîtrise flagrant, et rappelez-vous de ceci: sans maîtrise, la puissance n'est rien.

Ha, je vois qu'au fond on lève le doigt... oui, je vous écoute:
-"La production sauve-t-elle l'album? Ô vénéré seigneur kronikal du Grind / Death surgissant des arcanes nocturnes et démoniaques de notre maître Belzébuth?"
-"Gné? J'pige que dalle à ce que tu me baragouines (Hmmm... un bar à gouines, ça doit être sympa... tiens, d'ailleurs faudrait que je rende "Goudous From Hell" à messire Shaka...) pis c'est pas la peine de me cirer les pompes!

Revenons à nos boutons: bah non, même la prod' reflète le côté boiteux de la musique. La production est assez inégale tout en demeurant bien massive. Le genre de son qui vous décolle la rétine en un clin d'œil. Du gros musclé... musclé mais bouffi de stéroïdes. La batterie est, en effet surmixée. Quand c'est juste un poil, ça va, mais quand on se farcit toute la touffe, non, c'est trop beaucoup... J'arrête là mes considérations pileuses et essaie de me concentrer sur cet album qui, globalement, me saoule. La batterie est donc trop mise en avant et son son ultra sythétique contraste trop avec le grain plus gras, plus "brouillon" de la gratte et de la voix qui évoquent irrévocablement les prods de l'USUG des années 90; DEVOURMENT, DEHUMANIZED, DEADEN et compagnie.

Bref, ANCIENT NECROPSY balance là un album dépourvu de le moindre miette d'harmonie ou de souplesse. Ca s'écoute une fois ou deux... Les brutosaures s'ennuieront: trop de guirlandes technico-techniques. Les amateurs d'envolées guitaristiques trouveront ça complètement inepte. En clair, ce "Apocalyptic Empire" n'est vraiment pas magique... ou alors je suis passé à côté du truc.


Rédigé par : Cobra Commander | 09.5/20 | Nb de lectures : 10469