Quand on est comme moi habitué à chroniquer l'underground de l'underground, recevoir le nouvel opus d'ANATHEMA est vraiment un suprême honneur ! Mais que me vaut un tel prestige ? Sûrement le fait que ces sales radins de Music for Nations se sont contentés de nous envoyer un vulgaire CD-R à 2 francs et une succincte biographie photocopiée, tout compris, cela leur aura donc couté 6F50, soit 1 euro, pas mal. Mais revenons à ANATHEMA et à ce "A fine day to exit" que l'on voit tout de même arriver plus de deux ans après 'Judgement" son prédécesseur. Deux longues années de gestation durant lesquelles ANATHEMA a changé.

Changement de musiciens bien sûr avec leur habituelle valse des bassistes mais aussi et surtout des changements plus profonds dans l'essence même du groupe, dans son esprit. On s'en rend tout de suite compte en voyant le cover art de ce nouvel album (toujours pas grâce à Music for Nations, le noir et blanc ça le fait moyen moins). Fini les représentations mystico-poétiques des précédents albums. On se retrouve ici dans la réalité du quotidien: la voiture, le portable... Cette image m'a tout de suite rappelé le clip de "Karma Police" de Radiohead dont la majeure partie des images sont vues du même point de vue. Derrière cette image, se cache un concept, l'histoire d'un homme qui se suicide symboliquement en abandonnant toute sa vie afin de renaître, de recommencer une nouvelle existence. On peut aussi se rendre compte du changement d'état d'esprit du groupe en voyant leurs dernières sessions photos: un look différent, plus pop, des T-Shirts colorés, des vestes de survêtement...

ANATHEMA se serait-il débarrassé de ces dernières guenilles métalliques? L'écoute de l'album pousserait à le croire... On est cependant tout de suite rassuré, les frères Cavanagh savent toujours composer des chansons magnifiques. L'influence de PINK FLOYD est toujours présente mais à celle-ci viennent s'ajouter celle de PORCUPINE TREE (fabuleux groupe anglais de pop/rock progressif) et surtout de RADIOHEAD. L'influence de RADIOHEAD est vraiment flagrante notamment sur "Pressure" titre qui ouvre cet album et dont le refrain n'est pas sans rappelé un certain "Karma police" mais aussi sur "Leave no trace" surtout au niveau du chant. On trouve cependant encore sur cet album des titres typiquement anathemiens comme "Release" ou "Panic", le titre le plus rapide et le plus énergique de l'album. Progressif, atmosphérique ou tout simplement beau, voilà comment je qualifierai cet album dont la production que l'on doit à Nick Griffith (Pink Floyd, Roger Waters...) est bien entendu magnifique. Un effort tout particulier a encore été porté sur les vocaux de Danny et sur les backing vocals qui sont somptueux notamment sur "Temporary peace" qui clôt magistralement cette oeuvre.

Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser qu'au bout de 12 longues années de carrière, après avoir ressemblé à PINK FLOYD, ANATHEMA ressemble maintenant à RADIOHEAD... mais ressemble-t-il à ANATHEMA ?
Nos Britanniques sauront-ils un jour assimiler complètement leurs influences et nous livrer du pur ANATHEMA ou devront-ils porter ce fardeau ad vitam aeternam ? Il semblerait bien qu'ils fassent un complexe d'infériorité vis-à-vis de leurs glorieux ainés et je crains que cela ne les contraigne malheureusement à évoluer toute leur vie en seconde division. Enfin, tant qu'ils ne déposent pas le bilan... Cela ne doit cependant pas vous empêcher de savourer cette offrande, qui est sans conteste la meilleure solution actuelle pour se détendre en rentrant du boulot. Quoique un petit DERANGED...




Rédigé par : sheb | 8/10 | Nb de lectures : 8674