Jeune formation en provenance du sud de notre contrée, ANANTA déboule avec son tout premier album: "In Media Res". Aprés la prestation convaincante du groupe au Trabendo de Paris en premiére partie de SOILWORK, j'avoue que j'en attendais beaucoup de cette galette. Peut-étre trop même.

Aprés une intro ambiancée toute en samples et effets divers, "Soaked Man" (rien à voir avec Bob) vous lapide la face à grands coups de double dévastatrice suivie au millimétre prés par les guitares et la basse. L'instrumentation étant d'une précision redoutable, ce sont principalement les samples qui se chargent de tout le travail d'ambiance nécessaire pour donner une âme au titre. Et quel travail d'orfévre! Les apparitions électroniques sont toutes en filigrane mais au combien nécessaire à l'édification du son d'ANANTA.
On est ici en présence d'un groupe qui fait du neuf avec du vieux, mélangeant des influences thrash, death, hardcore pour un résultat final que l'on qualifiera tout simplement de metal, un metal à la fois glacial et moderne, rappelant à plus d'un titre les premiers EYELESS.
Le premier contact se résume donc à une vilaine fessée avant de se transformer en une violente rouste sur l'ultra agressif "Fragile". Bordel, mais ça dépote sévére ce truc!

Les titres s'enchaénent et chaque morceau est une véritable démonstration rythmique signe d'une sacrée technicité de la part des 4 protagonistes qui ont pondu la galette. La double-pédale est l'arme de prédilection d'ANANTA et toute la trame musicale de cet opus se repose sur elle. A la longue, "In Media Res" s'avére prise de tête de par un certain manque de diversité. Mais certains schémas rythmiques sont carrément affolants et extraterrestres! Il faut étre sacrément attaqué pour pondre de telles parties ("Krakus", "Mortal Coil").
L'album n'est donc pas spécialement des plus faciles à digérer et souffre de quelques longueurs. Heureusement, l'insertion de passages plus posés ou d'interludes vient alléger le contenu dense de ce premier effort. Au moment où vous avez l'impression d'avoir le crane qui va exploser, le groupe place le break qui tue vous laissant reprendre votre respiration l'espace d'un instant avec de replonger. Une sorte de grand huit musical dont on ressort abasourdi...

Si Matthieu Romarin s'égosille comme un timbré, il n'hésite pas é placer des vocaux clairs ici et là qui risquent de diviser les foules. Pourtant, sa maîtrise vocale est franchement bonne, offrant des lignes vocales dignes de KILLSWITCH ENGAGE ou MNEMIC pour l'alternance de vocaux écorchés hargneux et de refrains chantés bien trouvés. L'ombre de SOILWORK vient également poser le bout de son nez à quelques rares moments, comme par exemple sur un "Color" qui pourrait faire office de tube pour les Français. Bon tout est relatif, il y a une marge avant qu'un titre comme celui-lé passe sur nos ondes. Mais pour revenir au chant, tout est question de goût dés lors: on aime ou pas. A vous de choisir votre camp.

Au fait MNEMIC vous avez dit MNEMIC? Et comme par enchantement, le frontman (de Vesoul... comprendra qui voudra) du groupe danois (entre autres) pointe le bout de son nez en signant le master d'"In Media Res" et en faisant une apparition sur un titre bonus ("Mental Duality"). Toujours dans les bons coups le pére Bideau! Et pour ANANTA, il aura mis la touche finale à un album é la production en béton dont on lui reprochera seulement une double un peu trop agressive et un son général un peu trop clinique. Mais le résultat est probant et étonnant pour un premier album, témoignage d'un long travail. Et quand on sait qu'il est produit par le groupe lui-méme, on applaudit avec les pieds

Enfin, difficile de ne pas évoquer l'artwork somptueux de ce premier opus. Une pochette trés artistique, toute en finesse, qui n'est pas sans rappeler dans l'intention et la réalisation celle du "Elusive" de KEVORKIA. Une pochette qui tranche avec la brutalité du contenu mais qui illustre pourtant le côté sombre qui caractérise à chaque instant la musique des Montpelliérains.

ANANTA signe donc un premier album plus que prometteur malgré quelques faiblesses que le groupe corrigera certainement à l'avenir. A découvrir d'urgence.


Rédigé par : Foofur | 15,5/20 | Nb de lectures : 12900