Fréquemment, je suis amené à découvrir des groupes qui prennent des années avant de sortir leur premier véritable album. C'est souvent agréable de constater que certaines formations prennent leur temps plutôt que de vouloir à tout prix signer dans la première boutique venue au risque de se faire escroquer ou de figurer dans un catalogue qui ne leur correspond absolument pas. Dans le cas de Anal Vomit, on atteint des sommets car la première démo est sortie en 1993 et ce "Demoniac flagellation", premier album de ces péruviens, vient déverser sa haine à la face du monde ébahi plus de 12 ans après. En fait, quelques problèmes contractuels sont venus en perturber la sortie alors qu'il était déjà enregistré depuis un moment.
Enfin, réflexion faite, s'ils avaient sorti ce disque en 1990 voire plus tôt, on n'aurait guère vu la différence. Je savais les sud-américains friands de sensations old-school mais tout au long de l'écoute, j'ai eu la sensation d'entendre le Kreator de "Pleasure to kill", le Sepultura de "Morbid Visions", le Hellhammer de "Apocalyptic raids" ou le Morbid Angel de "Altars of madness" s'unirent dans une déflagration grasse et particulièrement brutale. On pense aussi à Angel Corpse, Conqueror ou tous les groupes qui font ce que certains se plaisent à appeler du "war-metal". Si l'orientation est clairement estampillée "recette à l'ancienne", les vocaux rappellent ce genre. Les accros de la vieille scène brésilienne trouveront également leur bonheur ici. Bref, peu de chance de conquérir les nouveaux venus dans notre sphère métallique qui croient que le vinyl ne sert qu'à fabriquer des petites culottes.
La production est particulièrement crado mais je n'ai pas été gêné outre mesure car elle est plutôt bien adaptée au trip de Anal Vomit. La pochette pourrie, les photos de presse démentes (le kiki à l'air !), les pseudonymes des musiciens crétins au possible (Possessor, Noizer et Destructor), les paroles très premier degré et leur look hors d'âge sont autant de détails qui donnent un charme fou à ce style de groupes. Ils représentent dignement une scène qui a su garder l'esprit originel du métal et qui ne s'embarrasse ni de la mode, ni d'hypothétiques impératifs commerciaux. Pourtant, ça joue bien, vite et fort (rahhhh, les riffs de "Seed of evil") et c'est largement suffisant. A noter que le CD comporte en bonus une reprise du "Antichrist" de Sepultura alors que le LP comprend celle de "Troops of doom". Old-school powaaaaa !


Rédigé par : Loufi | 14/20 | Nb de lectures : 11621